Sexisme en France : le HCE pointe Télé-réalité, Miss France, Politique et Entreprise
Le Haut Conseil à l'Egalité a publié ce lundi 2 mars le deuxième état des lieux du sexisme en France et le constat est accablant : 87 % des victimes d'actes sexistes sont des femmes et 91 % des mis en cause sont des hommes. Des propositions ont été annoncées pour améliorer la place des femmes dans la société.

Le Haut Conseil à l'Egalité entre les hommes et les femmes (HCE) a rendu public un deuxième état des lieux du sexisme en France, le lundi 2 mars. Et le bilan n'est pas glorieux. En effet, 99 % des femmes disent avoir été victimes en 2019 d'au moins un acte ou un commentaire sexiste. Le conseil a proposé 32 recommandations afin de faire reculer ce sexisme omniprésent, qui touche, d'après le rapport, trois domaines en particulier : le milieu de l'entreprise, celui des médias et enfin la vie politique.
Le monde de l'entreprise, principal foyer des attaques sexistes
Pour le HCE, l'entreprise représente un véritable haut lieu du sexisme. Et cela commence dès les bancs de l'université. En effet, le rapport pointe la responsabilité des universités et des grandes écoles qui "font office de creuset du sexisme" et assure qu'elles sont des "bastions virilistes où règne une sorte d'institutionnalisation du sexisme qui fonctionne comme rite intégrateur".
Sur les campus, 63 % des femmes disent avoir subi ou avoir été témoins de violences physiques ou sexuelles, et 10 % avoir été victimes d'agressions sexuelles. Et le bilan n'est pas plus réjouissant une fois arrivé dans le monde du travail. En 2019, 60 % des Européennes déclarent avoir déjà été victimes d'au moins une forme de violence sexiste ou sexuelle au cours de leur carrière.
Dans son rapport, le HCE propose 12 recommandations concernant le monde de l'entreprise. Certaines consistent à favoriser dès le plus jeune âge une orientation professionnelle sans stéréotype de sexe, renforcer le statut des référents harcèlement sexuel pour mieux les protéger des risques de représailles ou encore inciter les entreprises à faire connaître les sanctions en cas de violences sexistes à ses salariés.
La télé-réalité et l'élection Miss France pointées du doigt
Autre milieu où le sexisme et les discriminations homme-femme font rage : les médias, et en particulier la télévision. En effet, la représentation des femmes sur notre petit écran est encore bien pauvre. Selon le HCE, elles ne représentent que 42 % des personnes vues à la télévision en 2019, et seulement 29 % aux heures de grande écoute. Le rapport dénonce les plateaux majoritairement masculins et le faible nombre d'invitées ou d'expertes.
Les émissions de télé-réalité sont les plus mauvaises élèves. Absence de diversité, représentations stéréotypées, femmes hypersexualisées, ces émissions de divertissement véhiculent trop souvent une image caricaturale des femmes, en "toute impunité", dénonce le rapport. Le "constat est sans appel" dans les émissions de téléréalité : "assignation à des tâches et rôles stéréotypés, sexualisation très présente, procédés de dénigrement et de "clash" qui tournent à plein". Les femmes y sont souvent "présentées comme stupides, faibles et rivales entre elles, elles ne sont que le faire valoir de 'mâles dominants'", est-il également indiqué.
L'émission Miss France en prend également pour son grade. D'après le Haut Conseil à l'Egalité, cette émission "regardée par des millions de personnes", participe également d'une "instrumentalisation du corps des femmes et d'une vision archaïque de leur place et de leur rôle dans la société". Pour remédier à cette mauvaise représentation de la femme dans les émissions de divertissement, le HCE préconise entre autres un "renforcement du rôle du CSA en matière de lutte contre le sexisme dans les programmes audiovisuels".
Le monde politique, "bastion du sexisme"
Mais le véritable "bastion du sexisme" serait sans grande surprise le monde politique. Selon le rapport du HCE, le monde politique "fonctionne comme une chasse gardée des hommes malgré les avancées remarquables de la parité grâce aux contraintes légales". Les femmes politiques, bien que de plus en plus nombreuses, restent considérées comme des "intruses", souvent confrontées à des attaques sexistes.
Malgré les lois de parité, le pouvoir reste très majoritairement masculin avec 84% des maires et 92% des président d'intercommunalité qui sont des hommes. Espérons que le scrutin à venir vienne inverser la tendance…