Marche contre les Violences faites aux Femmes : slogans, chiffres et bilan

"On ne naît pas femme mais on en meurt", a-t-on lu sur l'une des pancartes brandie à la marche contre les violences faites aux femmes, qui s'est tenue à Paris et dans plusieurs villes de France. Environ 49 000 manifestants ont participé à ce que le collectif #NousToutes a qualifié de "plus grande marche de l'histoire de France contre les violences". La révolution est-elle en marche ?

Marche contre les Violences faites aux Femmes : slogans, chiffres et bilan
©  Jacques Witt/SIPA

Un moment historique. Il s'agit de "la plus grande marche de l'histoire de France contre les violences", selon le collectif #NousToutes. Samedi 23 novembre, femmes et hommes sont descendues par milliers dans les rues de Paris afin de crier leur indignation et exiger une société plus protectrice de ces femmes victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques. Des personnalités telles que Julie Gayet, Muriel Robin ou encore Viriginie Efira avaient signé une tribune appelant à se rassembler en masse à l'occasion de cette marche contre les violences faites aux femmes.
Le cabinet indépendant Occurrence a comptabilisé au moins 49 000 manifestants, de la place de la Nation à Opéra. À titre de comparaison, l'année dernière, la marche avait réuni 30 000 personnes dans la capitale selon les organisatrices, et 12 000 selon les chiffres de la police. De nombreux rassemblements se sont également tenus dans toute la France, de Lille à Bordeaux en passant par Toulouse, Grenoble et Marseille.

"On ne naît pas femme mais on en meurt"

 "Je veux une raclette, pas une raclée", "Je rêve d'une France où les femmes qui parlent de viol sont + écoutées que les hommes qui parlent de voiles", "On ne naît pas femme mais on en meurt", pouvait-on lire sur les pancartes inventives des manifestantes dans la capitale.

La plupart des affiches étaient violettes, couleur symbolique et non genrée du féminisme. Des groupes de féministes antifascistes, vêtues de noir, ont scandé : "Féministes antifas contre le patriarcat", pendant que les colleuses d'affiches contre les féminicides clamaient : "On ne tue jamais par amour". Place de la République, des FEMEN étaient également présentes, seins nus, afin de réaffirmer leur mobilisation.

L'actrice Adèle Haenel, qui a récemment accusé le cinéaste Christophe Ruggia d'attouchements, était également présente parmi les manifestants et a été repérée par Télérama. D'autres célébrités, telles qu'Amel Bent, Muriel Robin, Laetitia Casta, Marilou Berry ou encore Alexandra Lamy étaient aussi au rendez-vous.

Le rassemblement s'est achevé en musique, sur une note d'unité et de solidarité, alors que la nuit était déjà tombée et que les manifestantes dansaient aux sons du morceau Balance Ton Quoi, d'Angèle. Le changement, c'est (vraiment) maintenant ?

Protection des victimes, budget : "mettre un coup de pression au gouvernement"

À quelques jours de la fin du Grenelle des violences conjugales (qui s'achève le 25 novembre), l'objectif de  #NousToutes et des manifestants était de montrer l'ampleur de la mobilisation et du combat, clamer haut et fort leurs revendications, et "mettre un coup de pression au gouvernement", selon les propos de Pauline Baron, l'une des organisatrices de la marche.

L'une des demandes constamment réitérées concerne l'augmentation du budget dédié à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Alors que le Haut Conseil à l'égalité et les associations estiment qu'il faudrait consacrer entre 506 millions et 1,1 milliard d'euros chaque année, l'année dernière, le gouvernement a dépensé seulement 79 millions d'euros pour le combat.

La question de la prise en compte des plaintes des victimes au commissariat est également souvent abordée. Selon une enquête de l'Inspection générale de la justice publiée récemment, sur 88 cas de violences survenus entre 2015 et 2016, 21 plaintes ont été déposées et seulement 2 "ont reçu un commencement de réponse pénale avec un classement après rappel à la loi", lit-on.

Féminicides : les familles en colère

Alors que l'on décompte 137 féminicides depuis le début de l'année, les familles de victimes ont été invitées à participer également à cette marche et ont défilé en tête du cortège, brandissant une photo de leur proche tuée. "On n'est absolument pas suivis, ni psychologiquement, ni administrativement", a déploré Sandrine Bouchait, présidente de l'Union nationale des familles de féminicide (UNFF), à France Info. Et d'ajouter : "Il est essentiel de changer la loi pour protéger les enfants dont la maman a été tuée par leur père. Il faut déchoir systématiquement les pères condamnés de leur autorité parentale et non les suspendre, comme c'est le plus souvent le cas."

Pour mettre fin aux féminicides et aux violences conjugales de toutes sortes, il faut prendre en compte un point clé, selon Sandrine Bouchait : "Ce ne doit plus être aux familles de quitter le domicile familial, alors qu'elles sont, elles, les victimes (...) Lorsqu'un homme est violent, c'est lui qui doit être éloigné de chez lui. Il doit être placé dans un foyer spécialisé, qu'il paye de sa poche, où il est suivi psychologiquement."

Le combat est encore long, mais l'espoir n'est pas éteint. Deux ans après l'élan de libération de la parole avec #BalanceTonPorc et #MeToo, le soufflé de la mobilisation n'est (heureusement) pas retombé et la lutte est, plus que jamais, réaffirmée.