Voilées, on leur refuse l'accès à une brocante caritative
Des femmes privées de brocante à cause... d'un voile. Le 28 avril 2019, deux habitantes de Croix, proche de Lille, se sont vues refuser l'inscription à une braderie tenue par la présidente-fondatrice de l'association R'éveil, Myriam Cattoire. Un acte islamophobe qui a choqué la Toile et fait resurgir une haine invisible.

"Vous ne nous prenez pas parce qu'on a le voile ?", s'interrogent deux sœurs venues s'inscrire pour la brocante de Croix, dans la banlieue lilloise. D'origines maghrébines, ces femmes ont essuyé un acte islamophobe le 28 avril 2019, immortalisé en vidéo par l'une d'entre elle. Partagée sur les réseaux sociaux, on y voit Myriam Cattoire, présidente de l'association R'éveil, qui vient en aide aux personnes atteintes de maladies cérébrales et à leur famille, leur interdire de participer à la braderie annuelle qui a pour but de récolter des fonds. Âgée de 68 ans et décorée de la Légion d'Honneur en 2012, Myriam Cattoire tient des propos durs et antisémites envers les deux femmes venues s'inscrire. Après la médiatisation de cet acte raciste et islamophobe, elle a dit regretter son comportement et quitté ses fonctions auprès de l'association.
Un acte islamophobe dévoilé par une caméra caché
"Je ne vais pas vous prendre, mesdames, faut pas faire la queue, vous perdez votre temps...", annonce d'emblée Myriam Cattoire, derrière son bureau. Alors qu'elle prend les inscriptions ce dernier week-end d'avril pour la brocante de Croix, organisée par son association, elle refuse catégoriquement de prendre deux femmes à cause de leurs voiles. "Vous ne nous prenez pas parce qu'on a le voile ?", demande alors l'une des victimes de cet acte ouvertement islamophobe. Ce à quoi la fondatrice de R'éveil répond : "Oui... Je ne préfère pas, ça me cause tort".
Face à cette haine totalement gratuite, les deux femmes décident de porter plainte, et leur interlocutrice, non sans une pointe de provocation, leur indique où se trouve le commissariat et décline son identité. D'après l'AFP, une plainte a bien été déposée à Roubaix, dans la journée du 28 avril 2019 pour "injures non publiques en raison de l'ethnie, l'origine, la nation, la race ou la religion".
Encore un exemple de lislamophobie quotidienne que subissent les musulmans en France et particulièrement les femmes voilées...Les jeunes femmes pris à partis sur cette vidéo veulent simplement acheter un emplacement pour la braderie de Croix (59) pic.twitter.com/2N6Dg1i2tK
— . (@SisiACZ) 27 avril 2019
Des femmes voilées, interdites de brocante ?
Si, dans un premier temps, la fondatrice de l'association a assumé ses propos haineux dans les pages de La Voix Du Nord, elle n'a pas caché la raison qui l'a poussée à agir ainsi. "J'ai déjà eu des femmes voilées les années précédentes [à la brocante, ndlr], et à chaque fois les gens s'en sont plaint, ça a créé une animosité, ils voulaient changer de stand, ne pas être à côté d'elles", déclarait-elle.
Après la diffusion de la vidéo, Myriam Cattoire a reçu de nombreuses menaces téléphoniques. "Les gens qui ne me plaisent pas, parce qu'ils sont incorrects ou qu'ils ont triché les années précédentes, je ne les prends pas", renchérit-elle auprès de nos confrères, bien consciente de la gravité de ses déclarations. "Je sais bien que c'est illégal, c'est ce que je me suis dit juste après leur avoir dit ça. Mais une fois qu'on a dit quelque chose, on ne peut pas le remettre dans sa bouche" .
Néanmoins, la sexagénaire a tenu à s'excuser sur le site de son association, invoquant une santé en déclin. "Lors des inscriptions, fatiguée et malade, j'ai fait une analogie rapide et maladroite (...) Je me suis figée dans une attitude hautaine et méchante, ma langue a été plus vite que ma raison. Je ne me suis pas rendu compte que je blessais violemment toute une population. Je présente mes excuses à ces deux personnes ainsi qu'à toutes les personnes qui ont pu être choquées."
Dans un communiqué de presse datant du 30 avril 2019, l'association R'éveil a dit se "désolidariser totalement des propos tenus" par sa présidente-fondatrice, qui a démissionné après la vidéo polémique.