Qui est Caroline Ida Ours, la mannequin silver qui est partout ?
Mannequin pour Afibel, Darjeeling ou encore le salon international de la lingerie, Caroline Ida Ours est une jeune top de 62 ans. Portrait d'une femme engagée.

À 62 ans, Caroline Ida Ours a eu plus d'une vie professionnelles. La première démarre il y a 37 ans, lorsqu'elle débute sa carrière dans l'entreprise familiale dédiée aux articles de sport. Ce qui la faisait rêver, plus jeune, c'était la comédie ou la danse, moins travailler avec ses parents. Mais gagner de l'argent et son indépendance priment alors sur ses envies. À 45 ans, elle quitte son poste et cherche un nouvel emploi. Une quête moins facile qu'elle ne le pensait, jusqu'à ce qu'un cabinet de recrutement l'appelle pour un job dans une entreprise de sacs à main. Là-bas, elle fait un peu de tout, mais progressivement, ses tâches s'amenuisent. Jusqu'à ce qu'un jour, l'accident. "J'ai fait une rupture d'anévrisme dans le ventre qui m'a envoyée pendant dix jours en soins intensifs. Lorsque je me suis remise, je me suis dit "Stop, maintenant tu fais quelque chose pour toi"", nous raconte la sexagénaire. Elle profite alors d'une période de chômage pour se lancer sur les réseaux sociaux. "À cette époque, je ne voyais aucune femme comme moi dans les médias. Ni à la télévision, ni dans les magazines, ni au cinéma… C'est ce que l'on appelle l'âgisme, les discriminations contre les personnes qui vieillissent. Je me suis dit que ce serait mon combat de changer cet état de fait et d'essayer de promouvoir l'inclusivité, la diversité, le body positive". Après une session de brainstorming avec sa fille, elle trouve un nom catchy à son compte Instagram : @fiftyyearsofawoman. C'est bon, sa nouvelle vie peut commencer.
Fifty Years of a Woman, une influenceuse en vogue
Entre ses selfies et ses inspirations, qu'elle pioche sur Pinterest, Caroline Ida Ours réunit rapidement une petite communauté autour d'elle. En un an, elle fédère 10 000 abonnés et s'exporte à l'international puisqu'elle poste uniquement en anglais. C'est à ce moment que le mannequinat entre dans sa vie, il y a bientôt cinq ans, presque par hasard. "Une copine influenceuse avait été contactée par le salon international de la lingerie, qui organisait un défilé body positive après son traditionnel défilé de sous-vêtement. Sur le podium, il y avait essentiellement des jeunes filles, et puis nous, des femmes de plus de 50 ans". Le show est un véritable succès. À tel point que l'année suivante, le salon international de la lingerie rappelle Caroline Ida Ours et lui demande de participer à son défilé principal. "C'était la première fois que les marques désiraient qu'un corps comme le mien défile dans leurs créations", confie Caroline Ida Ours. La jeune mannequin devient même le visage de l'événement et se retrouve sur tous les supports qui en font la communication. Et puis surtout, elle se fait repérer par deux marques de dessous, Maison Louve et Darjeeling.
Premiers pas dans le mannequinat
Comme toutes les débutantes dans le métier, Caroline Ida Ours signe dans des agences de mannequin. Mais c'est son compte Instagram et sa personnalité qui séduisent vraiment les marques. Comme la griffe de lingerie Darjeeling et sa directrice artistique Anna Lemoine, qui la sollicite pour une campagne d'affichage à l'échelle nationale. Caroline Ida Ours y pose en petite dentelle, fière de ses cheveux blancs et de son corps de sexagénaire, accoudée à la barrière d'un champ. Placardée dans toute la France, cette photo suscite des centaines de réaction, et sur son compte Instagram, la mannequin reçoit des compliments en pagaille. "Les femmes me remercient et m'expliquent que grâce à moi, elles acceptent leurs corps. Certains hommes aussi. On me reconnaît dans la rue et on me dit "Bravo !", on m'encourage". D'autres internautes, plus rarement, laissent des commentaires haineux pour exprimer leur outrage de voir des femmes de plus de 50 ans montrer leur cellulite, leur ventre et leur bourrelet. Qu'elles aient l'outrecuidance d'exister dans l'espace public, finalement. La faute à, malgré un mouvement body positive qui ne cesse de prendre de l'ampleur, un manque de représentation toujours aussi criant. "Il n'y a aucune femme ou mannequin de plus de 50 ans qui est invitée sur un shooting si elle n'a pas les cheveux blancs, ne fait pas un 36 ou un 38 et ne mesure pas 1m70", remarque Caroline Ida Ours. "Et les marques sont peu nombreuses à s'intéresser à nous. Parce qu'il y a toujours cette représentation du corps féminin hyper sexualisé, érotisé, lisse". Alors la silver mannequin continue de prôner l'acceptation de son corps comme un moyen de se faire du bien à soi-même et de s'honorer. Des valeurs qu'elle a retrouvé chez Afibel, qui met en avant la beauté unique de chacune. "C'est exactement ce message que devrait nous envoyer la société toute entière", commente Caroline Ida Ours. Depuis plusieurs années maintenant, elle travaille avec la marque du groupe Damart, spécialiste des vêtements féminins et des grandes tailles. Caroline Ida prend la pose dans les vêtements de la marque et s'implique aussi auprès des parties prenantes de l'entreprise. Elle a ainsi rencontré le comité de direction de l'enseigne et a présenté l'une des dernières collections à la presse lors d'un événement.
Le mot de la fin : oser
"C'est en osant que l'on arrive à faire de nouvelles choses et à sortir de son confort", affirme Caroline Ida Ours. Ce que la sexagénaire répète dans son livre Génération Silver : sans tabous ni limites, sorti en avril 2022 aux éditions Kiwi. Elle y donne des conseils beauté, bien-être et essaye de transmettre un message important : "Une ride, c'est beau. Elle montre l'histoire d'une vie." Et conclut : "Il faut regarder la femme que l'on est aujourd'hui avec son histoire. Voilà ce que j'ai envie de dire aux femmes". Message passé