Gamophobie : voilà d'où vient la peur de se marier selon une psy

Se dire "Oui !" pour la vie, s'engager "pour le meilleur et pour le pire" et "jusqu'à ce que la mort nous sépare"… Cette idée fait peur à certaines personnes. Le phénomène est connu, mais rares sont ceux qui peuvent se vanter de savoir que la peur de se marier a un nom : la gamophobie. S'engager à passer le reste de sa vie avec la personne que l'on aime est un geste magnifique et très romantique pour la majorité d'entre nous. Mais de nombreuses personnes sont à l'inverse paniquées à l'idée de sauter le pas.

Comment l'expliquer ? Selon Victoria Guernon, psychologue clinicienne, il y a plusieurs facteurs possibles. "L'une des grandes raisons, ce sont les expériences familiales vécues pendant l'enfance ou l'adolescence. Des personnes qui grandissent dans des milieux difficiles, conflictuels, ou qui ont été témoins de divorces difficiles peuvent associer le mariage à une expérience négative, si bien qu'elles développent une appréhension de cet engagement. On peut aussi avoir des traumatismes intérieurs marqués, causés par des trahisons, des blessures émotionnelles, des abandons...", explique notre experte.

La peur du mariage peut aussi être liée aux attentes sociétales et culturelles, à la pression de faire perdurer cet engagement à l'heure où les divorces sont de plus en plus courants, si bien que l'on se dit que les chances de réussite sont faibles. "C'est une preuve ultime de son engagement. Si on se marie, c'est que tout doit être parfait", nous dit la psychologue. Victoria Guernon explique également que le mariage peut être vu "comme une restriction de l'autonomie personnelle", alors que les gens revendiquent plus "leur singularité, leur liberté". Et qui est concerné par cette peur du mariage ? Selon Victoria Guernon, elle peut toucher n'importe qui : "Il y a l'idée très répandue que ce sont les hommes qui ont peur du mariage, de l'engagement. C'est une perception liée aux rôles sociaux traditionnels. Mais, dans les faits, ce n'est pas du tout le cas. Ça touche autant les hommes que les femmes".

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, être gamophobe ne veut pas forcément dire qu'on a peur de toutes les autres formes d'engagement : acheter des biens avec son partenaire, avoir des enfants, signer un contrat en CDI dans une entreprise… Pour Victoria Guernon, cela s'explique par le fait que le mariage est une forme d'engagement très spécifique. Elle évoque les évolutions sociétales, qui font qu'avoir des enfants ou acheter un logement avec son conjoint n'est plus forcément la suite logique d'un mariage, mais simplement une expérience parmi tant d'autres, pour laquelle on n'est pas obligé de passer devant le maire.