"J'arrêterai de prendre le volant le jour où..." : voici ce qui fait basculer les seniors
Certaines personnes âgées arrêtent de conduire d'elles-mêmes. D'autres admettent ne plus avoir tous leurs réflexes, mais continuent à prendre le volant occasionnellement. Et puis, il y a les plus de 70 ans qui n'ont aucun problème... Témoignages.

Ceux qui ont l'habitude de conduire ne peuvent plus vraiment se passer de leur voiture. "C'est ce qui me rend indépendante !" nous confie Fortune, âgée de 66 ans. "Je peux faire mes courses quand je veux, sortir de chez moi et aller voir mes petits-enfants quand bon me semble sans dépendre de personne", ajoute la retraitée, qui ne sait pas vraiment ce que serait son quotidien si elle ne pouvait plus prendre le volant. Un luxe souvent bien utile, qui, pour beaucoup de personnes âgées, pourrait prendre fin.
En effet, face à l'augmentation du nombre de conducteurs âgés, plusieurs députés de la majorité veulent instaurer un contrôle médical obligatoire à partir de 70 ans pour conserver son permis de conduire. L'idée n'est pas de retirer le droit de conduire, mais de s'assurer que les capacités physiques, sensorielles et cognitives restent compatibles avec la conduite. Concrètement, les conducteurs de 70 ans et plus devraient passer un examen médical tous les cinq ans. Celui-ci évaluerait notamment la vue, l'audition, les réflexes et l'aptitude à réagir en situation de stress. Un médecin agréé rendrait alors un avis qui pourra être favorable à la poursuite de la conduite ou défavorable, pouvant entraîner une suspension du permis.
Les auteurs du texte assurent que cette mesure vise avant tout à protéger les seniors eux-mêmes, souvent plus vulnérables en cas d'accident, mais aussi les autres usagers de la route. Mais alors, qu'en pensent les personnes âgées et sont-elles conscientes du risque qu'elles prennent au volant ? Pour la plupart, oui. Arlette, 72 ans, a arrêté de conduire le jour où elle a oublié de mettre le frein à main alors que sa voiture était en pente : "je n'ai pas su réagir, j'ai perdu tous mes moyens, et je fonçais droit sur le croisement avec la nationale", témoigne-t-elle. Albert a quant à lui arrêté de conduire le jour où il s'est rendu compte qu'il était mal à l'aise au volant : "j'allais faire mes courses et j'ai finalement fait demi-tour pour rentrer chez moi", confie-t-il.
Comme elle, beaucoup de retraités abandonnent la conduite d'eux-mêmes, mais certains avouent prendre le volant occasionnellement. Carole, 68 ans, n'est "plus du tout à l'aise en conduisant à cause d'une grosse correction aux yeux". Résultat : elle ne conduit plus depuis deux ans quand il y a du soleil, s'il pleut, ni même la nuit. Mais elle admet prendre occasionnellement le volant la journée : "j'habite vers Bayon, en Lorraine, je n'ai pas vraiment d'autre choix, car c'est la campagne et il n'y a aucun commerce près de chez moi", nous confie-t-elle. Pour Lucien, qui a plus de 85 ans, conduire n'est plus possible, il n'a plus tous ses réflexes et ne voit plus bien. Il continue tout de même à prendre le volant pour descendre la rue, acheter son pain ou aller à la plage rejoindre ses amis à Antibes. "Je ne prends plus les voies rapides et je reste toujours sur la même voie en roulant doucement", ajoute-t-il. Pour le reste, il se fait conduire, notamment pour se rendre à ses examens médicaux. Un risque que ces conducteurs prennent donc pour eux, mais aussi pour les autres usagers de la route.
Pour autant, toutes les personnes âgées ne sont pas inaptes à la conduite et c'est justement ce qui fait débat. "On n'est pas tous des dangers publics parce qu'on avance dans l'âge", témoignage Patrick, âgé de 71 ans, qui a toutes ses capacités pour conduire. "Je n'ai jamais eu de problème sur la route, je porte des lunettes pour adapter ma vue, et je ne suis pas contre passer un examen de santé pour prouver que je peux prendre le volant", ajoute-t-il. "Le jour où un médecin me dira que c'est devenu dangereux, alors j'aviserai et je m'organiserai autrement", conclut-il sagement.
Si vous êtes proche d'une personne âgée qui rencontre des difficultés à conduire en raison de la diminution de sa vue, de l'ouïe ou de sa motricité, "il est possible de pallier les déficiences et d'adapter son comportement à ses facultés de conduite. Cela peut passer par une remise à niveau de la conduite, une discussion avec un professionnel de santé, ou l'aménagement de son véhicule", précise la Sécurité routière sur son site.