
"Pour rien au monde, je n'y reviendrai" : cette ancienne prof a osé la reconversion et ça lui a changé la vie
Comme d'autres enseignants, Florence a décidé un jour de faire ses adieux à l'Éducation nationale pour trouver de meilleures conditions de travail ailleurs, non sans mal.
On entend souvent dire que les enseignants ont beaucoup de chance d'être fonctionnaires, et d'avoir tous les avantages qui vont avec. La sécurité de l'emploi, les nombreuses vacances scolaires, la retraite garantie… Sur le papier, tout semble parfait. Mais la réalité est souvent bien différente. Florence, 32 ans, en sait quelque chose, elle a été professeure des écoles au sein de l'académie de Rennes et a enchaîné les missions pour l'Éducation nationale. "Je n'ai jamais eu de poste fixe pendant six ans. J'ai enseigné aussi bien en toute petite section de maternelle, avec des enfants de 2 ans et demi, qu'en CM2, avec des élèves de 10-11 ans", nous confie-t-elle.
Comme pour beaucoup de professeurs en début de carrière, le métier d'enseignant semble beau et porteur de sens. C'est aussi l'image qu'en avait Florence pendant longtemps. "Ce que j'aimais, c'était la relation avec les élèves, mais aussi avec leurs parents. Le fait d'aider, d'échanger, de transmettre : c'est ce qui rend ce métier si riche. Je suis de nature patiente, donc j'aimais enseigner, mais aussi apprendre des autres, que ce soit de mes collègues ou de mes élèves. C'est un beau métier, profondément humain, mais c'est sur les moyens qu'il pêche vraiment. Des classes surchargées, des élèves en situation de handicap sans accompagnement, alors qu'on n'a aucune formation pour les accueillir, des chaises et des tables manquantes dès la rentrée… Ce sont des choses presque anodines, mais une fois accumulées, elles empêchent tout simplement de faire son métier correctement", souligne-t-elle.
À force, Florence a eu envie d'autres choses. Elle a donc demandé à son employeur des possibilités, "soit pour un temps partiel, soit pour avoir une disponibilité", ce qui lui a été systématiquement refusé. La goutte de trop pour cette professeure des écoles. "Je n'arrivais plus à y aller juste pour faire quelque chose à moitié bien, alors que j'aurais aimé le faire vraiment bien", admet-elle. C'est à ce moment-là que l'idée de la reconversion a émergé. Elle a mis quatre ans à trouver ce qu'elle voulait faire, car comme elle le dit : "quand on démissionne de l'Éducation nationale, on perd notre concours et on est radié des cadres, donc il faut bien y réfléchir". Florence a alors osé, elle s'est d'abord mise en disponibilité pour "suivi de conjoint" puis elle a ensuite donné sa démission pour faire ce qui allait devenir son nouveau métier : être auto-entrepreneuse.
"J'ai commencé par me former à la rédaction web SEO, j'ai créé mon auto-entreprise, puis j'ai bifurqué vers le podcast et l'aide aux enseignants en reconversion. Aujourd'hui, j'ai pas mal de casquettes : celle de rédactrice, podcasteuse et aide accompagnante. Et pour rien au monde, je ne reviendrai à mon ancien métier, c'est certain. Je profite surtout de la liberté que je n'avais pas en étant fonctionnaire", avoue-t-elle. Alors certes, elle n'a plus un salaire fixe qui tombe tous les mois, ni les vacances scolaires, mais Florence a gagné bien plus en quittant l'Éducation nationale.
Elle est davantage épanouie au quotidien, même si être cheffe de sa propre entreprise n'est pas de tout repos. Elle ne regrette rien, et surtout, elle a remarqué, grâce à son podcast "Avant j'étais prof", qu'elle n'est pas la seule à avoir osé la reconversion. Parmi tous les anciens enseignants qu'elle a vu passer à son micro, l'un d'eux l'a particulièrement marquée. "Quand on est prof et que l'on veut se reconvertir, on se plaint parfois de nos conditions de travail, et souvent, il y a des gens qui nous disent 'vous n'avez qu'à aller travailler à l'usine'. Un jour, j'ai interviewé Anne, une ancienne prof d'allemand qui a justement démissionné pour fabriquer des cagettes en usine. C'était dur physiquement, mais elle m'a confié qu'elle avait trouvé une paix mentale et un confort de vie personnelle inégalables." Preuve que l'on peut trouver son bonheur partout en travaillant !