C'est quoi un kakemphaton, ce jeu de mot utilisé dans la célèbre chanson du Roi lion ?
Ce jeu de mot très apprécié par Corneille figure aussi dans la version française de la chanson "Je voudrais déjà être roi". On vous explique ce que c'est...

Difficile d'avoir grandi avec les classiques Disney sans avoir vu Le Roi Lion, sorti pour la première fois en 1994. L'histoire de Simba, ce lionceau prêt à tout pour retrouver sa place après la mort tragique de son père, Mufasa, a marqué des générations. Mais au-delà de l'intrigue, c'est aussi la bande-son qui est restée gravée dans les mémoires. La chanson "Je voudrais déjà être roi", particulièrement entraînante, accompagne l'ambition du jeune lionceau, persuadé qu'il est prêt à régner sur la Terre des Lions. Mais saviez-vous qu'elle cache un jeu de mots assez particulier ?
Précisément, dans cette réplique chantée par Zazou à Simba : "Ah, prends garde, lion, ne te trompe pas de voie", on retrouve ce qu'on appelle un kakemphaton. En français, c'est une figure de style où une phrase peut être comprise de plusieurs façons à cause d'une ambiguïté dans les mots ou dans la syntaxe. Le kakemphaton crée un double sens dans une phrase, souvent involontaire. Il peut aussi survenir accidentellement dans un discours mal tourné.
Les fins connaisseurs de la langue française feront sans doute le parallèle avec le calembour. Cette autre figure repose sur des sons proches ou des mots à double sens, mais elle est utilisée volontairement pour créer un effet humoristique, ironique ou absurde. Sachant qu'il s'agit d'un kakemphaton, quel autre sens peut-on donner à "Ah, prends garde, lion, ne te trompe pas de voie" ? D'après Victor Pierson, alias @victorpiersontiktok sur le réseau TikTok, un passionné de langue française qui a notamment sorti un livre "Histoire de et quelques expressions qui s'arrêtent en chemin" (éditions Sans Crispation), on peut entendre : "Ah, prends gare de Lyon, ne te trompe pas de voie". Subtil non ? Ce genre de figure de style était d'ailleurs très utilisé par un dramaturge français bien connu.
En effet, Pierre Corneille utilisait souvent des kakemphatons dans ses œuvres. L'un des plus connus est présent dans la pièce Horace : "Je suis romaine hélas, puisque mon époux l'est". En principe, vous entendez "mon poulet" à la place de "mon époux l'est". Dans une autre tragédie, il a même écrit : "Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle, Et le désir s'accroît quand l'effet se recule". Ici, on pourrait comprendre, en fin de phrase : "quand les fesses reculent".