"Un mauvais mot et votre testament est non valide", avertit un notaire

Les personnes pensent bien faire en rédigeant leur testament, mais elles oublient ce détail qui peut totalement l'annuler.

"Un mauvais mot et votre testament est non valide", avertit un notaire
© maposan-123RF

Certaines personnes choisissent d'écrire elles-mêmes leur testament pour plusieurs raisons. Il y a ceux qui veulent éviter les frais d'un notaire, pour économiser de l'argent. D'autres estiment qu'ils n'ont pas besoin de conseils juridiques pour exprimer leurs volontés et préfèrent le faire en privé. À première vue, rédiger un testament paraît simple. C'est un peu comme une lettre dans laquelle une personne exprime ses dernières volontés pour décider qui héritera de ses biens. Mais en réalité, écrire un testament est bien plus complexe qu'on ne le pense. 

Un testament, c'est avant tout un document juridique. Il a une valeur légale et doit respecter certaines règles pour être valide. Ce que les notaires appellent les "règles de forme". La plupart des gens savent déjà qu'un testament doit être écrit à la main pour être valable. "Si vous l'écrivez à l'ordinateur et que vous l'imprimez, c'est comme si vous n'aviez rien fait, votre testament ne vaut rien, et ce, même si vous le signez à la main après. Il faut qu'il soit écrit à la main du début à la fin. Et c'est la personne à qui appartient le testament qui l'écrit, et non un proche", nous explique Me Olivier Pontnau, notaire associé chez Act&Notaires à Paris. 

En revanche, ce que l'on ignore souvent, c'est que le choix des mots a toute son importance dans la rédaction d'un testament. "Entre ce que vous pensez, ce que vous allez écrire avec vos propres mots et comment cela sera compris par le système juridique, il y a un écart. Adopter un langage soutenu n'est pas suffisant. Il y a un langage spécifique à utiliser pour écrire un testament, et lorsque vous le lisez, c'est presque une langue étrangère. On utilise des mots que les gens n'utilisent jamais au quotidien", souligne l'expert.

Par exemple, n'importe qui écrirait : "je veux que mon appartement aille à un tel" ou "je souhaite que mon argent soit distribué à telle association". Sauf que pour la justice, ce type de phrase ne vaut rien. Pourquoi ? "Car pour un juge, "je souhaite" est seulement un vœu, ce n'est pas un legs, une transmission de propriété. Si vous voulez laisser quelque chose à quelqu'un, il faut écrire plutôt "je lègue"", révèle Me Pontnau. 

Par ailleurs, il convient d'éviter dans la mesure du possible de faire des ratures et de trop charger ses phrases, car les autorités peuvent penser que cela a été rajouté par quelqu'un d'autre, et donc qu'il s'agit d'un faux testament. Il est aussi essentiel que le document soit daté et signé, sinon là encore, il peut être non recevable.