Après une fausse couche : que faire, quel suivi ?

Que se passe-t-il lorsqu'on fait une fausse couche, et comment se remettre psychologiquement de cette douloureuse épreuve ? Faut-il ou non attendre avant de concevoir un autre bébé ? Le gynécologue Thierry Harvey répond à nos questions.

Après une fausse couche : que faire, quel suivi ?
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Misoprostol, quel traitement en cas de fausse couche ?

Pour les 40 % restants, la fausse couche n'est pas évacuée naturellement. Un traitement médicamenteux existe, il s'agit de misoprostol. Ce médicament provoque des contractions utérines et l'ouverture du col qui permettent l'expulsion du sac embryonnaire. Le Dr Thierry Harvey explique : "L'hospitalisation n'est pas indispensable car il n'y a pas de risque que la femme se vide de son sang en expulsant le sac embryonnaire. Les risques hémorragiques sont rares. Les femmes ne veulent souvent pas rester à l'hôpital pendant ces moments, préférant un endroit qu'elles connaissent. En plus, on peut très bien intervenir chirurgicalement en urgence si besoin, lorsque l'expulsion n'est pas complète."

Quel suivi psychologique après une fausse couche ?

La question d'un suivi psychologique après la fausse couche est à discuter : "C'est à voir selon les femmes. L'après fausse couche constitue quoi qu'il arrive une période de reconstruction pour la femme. Elle doit faire un deuil. Certaines femmes sentent le besoin de voir un psy, d'autres d'en parler avec les soignants qui l'entourent (médecins, infirmières, etc.)", précise le Dr Harvey.

Suite à une fausse couche, la femme peut développer une aménorrhée psychogène (un blocage psychologique des règles). Le fait de revoir son gynécologue environ un mois après permet notamment de s'assurer que le retour de couche a bien eu lieu et que la femme n'a pas ce blocage. Si c'est le cas et que la femme en ressent le besoin, un suivi psychologique peut être envisagé. Cependant, "la prise en charge psychologique de la femme qui vient de faire une fausse couche n'est pas à envisager d'emblée, il faut lui laisser le temps de se retrouver. Si elle n'y parvient pas on peut lui proposer une consultation", précise le Dr Thierry Harvey. Il existe des associations qui viennent en aide aux femmes après leur fausse couche. Il ne faut pas hésiter à demander les contacts au gynécologue ou à la maternité. 

"L'après fausse couche constitue quoi qu'il arrive une période de reconstruction pour la femme. Elle doit faire un deuil".

Après une fausse couche, quand retomber enceinte ?

"Il ne faut surtout pas croire la voisine ou la concierge qui dit d'attendre 3 mois ou même parfois 6 mois avant de retomber enceinte. Le plus important est que la femme ait à nouveau envie de faire un enfant", insiste le Dr Thierry Harvey. Les dernières études sur le sujet indiquent qu'après une fausse couche, les possibilités de redevenir enceinte sont aussi bonnes que lorsqu'il n'y a pas eu d'arrêt spontané de la grossesse. Aucun risque, donc, pour la fertilité ultérieure.

Le Dr Harvey ajoute : "Il n'y a pas de délai pour réessayer une nouvelle grossesse après une fausse couche. Bien sûr, la femme doit faire son deuil de cette grossesse, mais chaque femme réagira différemment et il est inutile de donner une date à partir de laquelle une grossesse peut être commencée." L'important est donc qu'elle se sente à nouveau capable de tomber enceinte. Et si c'est le cas, il n'y a pas de raison d'attendre. "C'est elle qui sait lorsqu'elle est prête", précise le gynécologue.

En revanche, il ne faut pas brusquer une femme qui vient de faire une fausse couche en l'encourageant à réessayer à tout prix et au plus vite. Elle doit d'abord faire le deuil de cette grossesse avant de pouvoir en commencer une autre. Les proches doivent donc l'accompagner dans son deuil et de la soutenir.

Qu'est-ce qu'un curetage après une fausse couche ?

Après une fausse couche, un curetage peut être réalisé pour vider le contenu de l'utérus si celui-ci contient encore des tissus embryonnaires qui sont restés accrochés à la paroi utérine. C'est une intervention médicale qui est faite à l'hôpital sous anesthésie locale (le col de l'utérus est uniquement endormi). En cas de curetage, l'intervention au bloc opératoire dure une vingtaine de minutes, et l'hospitalisation une demi-journée.

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