7 astuces anti gros mots pour enfants polis
Hauts comme trois pommes, les enfants aiment déjà utiliser des gros mots qu'ils ont souvent entendus à la maison ou à l'école ! Pour quelles raisons aiment-ils particulièrement les insultes, et comment limiter leur recours aux jurons ? Les conseils et astuces de Léa Didier, psychologue clinicienne et psychanalyste.

Dans la majorité des cas, les enfants commencent à dire des gros mots entre 2 ans et demi et 6 ans. "La première raison est l'imitation ! Ils découvrent, apprivoisent et s'approprient les gros mots comme tout ce qui les entoure. Ces mots ont aussi une résonance et une saveur particulière, car ils sont généralement mêlés d'affects", explique Léa Didier, psychologue clinicienne et psychanalyste auprès d'enfants, d'adolescents et d'adultes.
Ainsi, si vous utilisez fréquemment des jurons, il est assez logique que votre enfant se les approprie plus facilement ! Mais si vous les avez bannis de votre vocabulaire, ne vous estimez pas à l'abri pour autant : votre chère tête blonde aura tout le loisir de les entendre à l'école ou dans certains dessins animés. Mais les enfants n'utilisent-ils des gros mots que par mimétisme ? Pas uniquement ! "Passé le premier temps de l'imitation, nos enfants peuvent dire des gros mots pour bien d'autres raisons : désir de faire le grand, plaisir de l'appartenance et de la connivence avec leurs amis et leurs héros préférés, colère, besoin de se défouler, envie de faire le pitre, dans certains cas singuliers, ils ont aussi besoin de raconter ce qu'ils vivent à notre insu et qui peut être douloureux... ", explique Léa Didier. Mais comment faire pour que cessent de sortir de la bouche de votre enfant tous ces mots orduriers ? Voici quelques pistes anti-gros mots avec les conseils de Léa Didier.
"Passé le premier temps de l'imitation, nos enfants peuvent dire des gros mots pour bien d'autres raisons".
1 - Expliquer à son enfant la signification des gros mots
Vous aurez sans doute remarqué que votre enfant use et abuse de certains gros mots dont il ne connaît absolument pas la signification ! C'est la raison pour laquelle il convient de lui expliquer le sens de ces mots sans forcément entrer dans les détails s'ils sont très vulgaires ! ". Nous pouvons expliquer aux enfants ce que ces mots veulent dire et pourquoi nous ne pouvons pas les utiliser. Avant tout, les petits veulent comprendre ce qu'ils entendent", conseille Léa Didier.
2 - Anticiper les gros mots
Selon Emma Byrne, experte en neurosciences et auteure de l'ouvrage Swearing is Good for You: The Amazing Science of Bad Language (Jurer est bon pour vous : la science incroyable du langage grossier), il ne faut pas occulter la question et faire comme si les enfants n'utilisaient pas de gros mots ! "Si nous n'évoquons pas ce sujet avec nos enfants, ils apprendront à jurer dans la cour de récréation et ils ne comprendront pas pourquoi les gros mots peuvent avoir des conséquences", a ainsi expliqué Emma Byrne dans une interview accordée à Good Morning Britain sur ITV,
3 - Reconnaître ses erreurs, donner le bon exemple
Ce sont souvent les parents qui, sans le vouloir, donnent le mauvais exemple à leurs enfants en utilisant plus que de raison des jurons. Si c'est votre cas, il va vous falloir expliquer pourquoi vous prononcez souvent des gros mots, mais qu'il n'a pas le droit de le faire ! "Si nous même avons le juron facile, nous pouvons l'admettre et expliquer aux enfants les contextes où ces mots sont absolument proscrits pour ne pas s'attirer les foudres des adultes. Nous pouvons aussi leur proposer de nous le faire remarquer pour que nous puissions nous reprendre également et proposer des alternatives plus drôles et tempérées", conseille Léa Didier.
4 - Les limiter et les autoriser (dans certains lieux)
Les psychologues s'accordent tous pour dire qu'il ne s'agit pas d'interdire purement et simplement les gros mots que les enfants utilisent à l'école ou avec leurs amis. "Si ces termes sont totalement exclus de nos maisons, expliquons que ces mots nous agressent les oreilles et qu'ils doivent trouver d'autres façons de dire ce qu'ils ont à dire. A la maison, à l'école on ne dit pas ça", explique Léa Didier qui ajoute que les enfants peuvent cependant les utiliser avec parcimonie dans leur espace intime. "Nous pouvons leur apprendre qu'ils ont le droit de dire ce qu'ils veulent dans leur chambre, ou dans leur journal intime s'ils sont plus âgés, mais qu'il y a quand même d'autres choses à faire", ajoute-t-elle.
5 - Surveiller ses lectures et ses dessins animés
Les livres et les dessins animés destinés aux enfants peuvent aussi contenir de nombreux gros mots ! Aussi, avant de laisser vos enfants s'y plonger ou les regarder, vérifiez qu'ils sont bien adaptés à leur âge. " Que les enfants trouvent parfois ce mode de connivence entre eux est une chose, que nous apportions ces sources d'identifications en est une autre", insiste ainsi Léa Didier.
6 - Mettre en place un défouloir à gros mots ?
Dans certaines vidéos publiées sur TikTok, certains parents conseillent d'instaurer un défouloir à gros mots et donc d'autoriser leurs enfants pendant un laps de temps court et prédéfini à jurer à loisir pour extérioriser leurs sentiments. Une astuce qui n'est forcément validée par Léa Didier. "J'ai en tête une petite fille de 5 ans me murmurant à l'oreille que ses amis et elle avaient trouvé en récréation un tuyau dans lequel ils chuchotaient des gros mots en riant. Une amie se souvenait aussi que dans la période où les gros mots lui furent interdits par sa mère, cette dernière l'entendit une nuit déverser un torrent de "putains" en plein rêve ! Ces enfants ont joliment trouvé à leur façon comment combler leur besoin tout en reconnaissant la limite sociale. Pour revenir à cette astuce, je proposerai plutôt pour ma part d'inventer des grands mots farfelus qui changent de registre", explique-t-elle.
7 - Remplacer les gros mots par des expressions drôles
Vous pouvez, en effet, inciter votre enfant à remplacer les jurons habituels par des mots que vous inventerez ensemble et qui ne seront compris que de vous ! "Cherchons des expressions riches, drôles, inventives pour habiter notre langue. L'humour ne réside pas dans un mot seul, mais dans des associations étonnantes !", conseille ainsi Léa Didier.