Médicaments et allaitement : lesquels peut-on prendre ?
Parce que de nombreux médicaments passent dans le lait maternel et qu'ils peuvent nuire au bébé, il convient d'encadrer et limiter leur usage. Quels sont les risques ? Quelles précautions en cas de traitement obligatoire ? Les réponses du Dr Véronique Beaudoux, gynécologue obstétricien au CHU d'Angers.
Tout au long de la grossesse, de nombreux médicaments sont déconseillés voire contre-indiqués aux futures mamans. Un principe qui perdure après l'accouchement pour celles qui décident d'allaiter. Et pour cause, si le lait maternel assure une protection immunitaire au bébé grâce aux anticorps, il laisse aussi passer les substances ingérées par la mère (alcool, tabac, médicaments). Ces dernières se retrouvent dans le lait et peuvent se révéler nocives pour l'enfant. Aussi, il est recommandé de faire doublement preuve de vigilance pendant l'allaitement, qui à la différence de la grossesse, ne bénéficie pas de pictogramme dédié sur les boites de médicaments. Alors, même pour un médicament que vous pensez être inoffensif comme la Lysopaïne, la Citrate de Bétaïne ou même un complément alimentaire, mieux vaut demander conseil à son médecin ou pharmacien. Tout de même, est-il possible de se soigner pendant l'allaitement ? Quels sont les médicaments autorisés et ceux à éviter absolument ?
Quels médicaments sont autorisés pendant l'allaitement ?
L'autorisation d'un médicament pendant l'allaitement dépend de la quantité du médicament qui passe dans le lait maternel et de son absorption ou non par l'enfant. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas parce que des médicaments sont en vente libre qu'ils ne sont pas dangereux. " Par exemple, les antihistaminiques et les médicaments contre le rhume sont formellement déconseillés chez la femme enceinte ou allaitante. Les antihypertenseurs ne semblent pas en revanche impacter l'enfant ", détaille le Dr Véronique Beaudoux. Dans tous les cas, il convient de consulter son médecin avant de prendre un médicament. On peut également consulter le site du CRAT (Centre de Référence sur les Agents Tératogènes) qui informe sur les risques des médicaments, vaccins, radiations et dépendances pendant la grossesse et l'allaitement.
Doliprane et allaitement, quelles recommandations ?
Les données concernant le Doliprane pendant l'allaitement sont nombreuses et rassurantes. Selon le CRAT (Centre de Référence sur les Agents Tératogènes), la quantité de paracétamol ingérée via le lait est faible : l'enfant reçoit jusqu'à 4% de la dose pédiatrique. Un chiffre corrélé par une étude qui " fait état d'une quarantaine d'enfants allaités de mères sous paracétamol et l'usage du paracétamol en cours d'allaitement est très répandu. Aucun effet notable n'est retenu ".
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Le cas de la codéine : La codéine est une dérivé de la morphine, que l'on retrouve généralement dans les médicaments contre la toux ou la douleur. Une fois dans le corps, la codéine est transformée en morphine et se retrouve dans le lait maternel, mais à très faible dose, sans incidence pour le bébé. Hors, certaines femmes ont la faculté de la transformer en morphine à une dose très élevée, qui se retrouve en proportion dans le lait maternel. Dans ce cas, le bébé risque somnolence, difficultés à téter, ou même pauses dans la respiration (voire dépression respiratoire) qui peuvent être fatales. Ainsi, par précaution, la codéine est interdite pendant l'allaitement. |
Est-ce que les médicaments passent dans le lait maternel ?
" La plupart des médicaments passent dans le lait maternel, mais en très faibles quantités. L'impact sur le nourrisson est donc minime. Toutefois, certains médicaments peuvent malgré tout se révéler nocifs pour le bébé. C'est la raison pour laquelle l'automédication est à proscrire pendant toute la durée de l'allaitement. Autrement dit, il ne faut jamais prendre de médicaments sans avis médical " lorsqu'on allaite, prévient la gynécologue obstétricien.
Combien de temps attendre avant d'allaiter après avoir pris des médicaments ?
Cela va dépendre du médicament et de sa durée de vie car il passe dans le lait maternel en plus ou moins grande concentration. " Quand un médicament n'est pas recommandé pendant l'allaitement mais qu'il est obligatoire pour la patiente, il est conseillé de le prendre juste après la tétée, de manière à ce que l'organisme ait le temps de l'éliminer jusqu'à la prochaine mise au sein ", développe la spécialiste.
Quels risques des médicaments pendant l'allaitement ?
" Le risque majeur des médicaments pendant l'allaitement est le passage dans le lait maternel qui va être ingéré par le nourrisson et qui peut entraîner des réactions chez celui-ci ", explique notre experte. Ces réactions peuvent être similaires à celles de la mère, par exemple un médicament hypnotique peut avoir un effet hypnotique sur le bébé et entraîner une somnolence. Ou différentes, notamment avec la prise d'antibiotiques tels que tétracycline qui n'ont aucun effet sur l'enfant à court terme, mais qui peuvent avoir plus tard des conséquences sur le développement dentaire de l'enfant. " D'autres médicaments vont avoir un effet paradoxal : des antihistaminiques ont des effets sédatifs chez la maman mais vont plutôt avoir une action excitante sur le bébé ", continue-t-il.
Médicaments et allaitement : quelles recommandations ?
Une maman allaitante doit à tout prix éviter l'automédication et toujours demander l'avis de son médecin avant de prendre un médicament. Les médicaments doivent être pris à distance des tétées, de manière à ce que le corps ait le temps de les éliminer avant la prochaine mise au sein. " En cas de pathologie chronique, le projet d'allaitement doit être évalué avec le professionnel de santé qui déterminera s'il est possible de poursuivre le traitement, de l'adapter ou de contre-indiquer un allaitement si les risques sont trop importants pour l'enfant ", ajoute le Dr Véronique Beaudoux. Enfin, rappelons que, même si un traitement a été prescrit par le médecin, il reste nécessaire de lire la notice !