Tempérament et caractère de bébé : comment se forgent-ils ?

Calme, agité, rieur, grognon… Dès sa naissance, le bébé a des caractéristiques qui lui sont propres. Pour autant, à ce stade, il n'est pas encore possible de parler de personnalité. Alors, comment se construit la personnalité de bébé ? Peut-on savoir quel caractère il aura en grandissant ? Réponses avec le Dr Françoise Fericelli, pédopsychiatre.

Tempérament et caractère de bébé : comment se forgent-ils ?
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Quels sont les trois types de tempéraments ? 

"La notion de tempérament n'est ni une notion médicale, ni une notion psychologique" précise Françoise Fericelli. On entend généralement par tempérament la manière dont un bébé se comporte au quotidien : ses réactions, la façon dont il exprime et gère ses émotions. Ces caractéristiques dépendent notamment de son âge, de son niveau d'activité, de son rythme, de sa distractibilité, de son attention, de sa sensibilité, de son humeur et de sa capacité d'adaptation. Il existe trois types de tempérament chez l'enfant : le tempérament dit facile, le tempérament lent à s'adapter et le tempérament difficile. Plus un bébé est sociable, régulier dans son rythme veille/sommeil, plus il est positif, et plus l'entourage qualifiera son tempérament de facile. À l'inverse, plus un bébé a du mal à s'adapter et réagit négativement aux stimulis, plus on dira de lui qu'il a un tempérament difficile.

Quelle différence entre tempérament, personnalité et caractère ? 

"Le terme de caractère est, lui aussi, issu du langage courant. En revanche, le terme de personnalité est un terme médical que l'on trouve dans les classifications médicales psychiatriques et en psychologie, sous forme notamment de "trouble de la personnalité", par exemple dans la classification internationale des maladies. La personnalité, qui désigne l'ensemble des traits psychiques et moraux qui constituent l'individualité d'une personne, n'est pas une donnée de départ, elle se construit", indique Françoise Fericelli.

À quel âge bébé forge-t-il son caractère ? 

"Chez l'enfant, et encore plus chez le bébé, il n'est pas possible de parler de personnalité et encore moins de troubles de celle-ci", nuance la pédopsychiatre. Plusieurs types d'influences existent pour la construction de la personnalité chez l'enfant : des facteurs génétiques, épigénétiques, et des facteurs environnementaux. "Ce sont surtout ses interactions avec les adultes de référence présents auprès de lui, en général les parents, que le bébé va construire sa personnalité. Au-delà de la petite enfance, les interactions plus élargies avec la fratrie, les grands-parents, les nourrices, les enseignants, les pairs auront aussi toute leur place dans la poursuite de la construction de la personnalité de l'enfant", continue-t-elle.

Quel est le rôle des parents dans la construction de la personnalité de l'enfant ? 

Durant la petite enfance, le rôle des parents est primordial dans la construction de la personnalité : c'est au cours des expériences précoces d'interaction avec les parents (alimentation, soins du corps, portage, échanges langagiers et corporels) que va se construire le sentiment d'existence du bébé, sa sécurité affective, et son mode relationnel. "Ce sont les adultes nourriciers (en général les parents) présents au quotidien qui donnent du sens aux pleurs, aux sourires, et à tout ce que le bébé manifeste. Winnicot, pédiatre et psychanalyste anglais, disait dans une boutade qu'un bébé seul, ça n'existe pas...", souligne notre interlocutrice.

Peut-on savoir quel caractère aura bébé en grandissant ? 

Chaque bébé est différent et a son propre tempérament. "On retrouve des constantes réactionnelles au même âge de développement, mais l'intensité des réactions va varier selon la sensibilité du bébé et les réponses qui vont lui être données. Il faut savoir qu'un bébé humain ne se construit que dans l'interaction", détaille le Dr Françoise Fericelli. Rien n'est fixé chez lui en tant que caractère ou tempérament, tout est évolutif. "C'est d'ailleurs pour cela que l'on propose des thérapies brèves mère/père/bébé lorsqu'un bébé présente des difficultés (troubles du sommeil, de l'alimentation, de l'interaction etc) et que cela marche très bien et très vite, contrairement à des interventions plus tardives qui nécessitent plus de temps", poursuit la pédopsychiatre. A noter que chez les adultes présentant un trouble de la personnalité, la notion d'une enfance (et plus spécifiquement d'une petite enfance) sans liens fiables et durables avec un ou plusieurs adultes de référence, est souvent retrouvée. Par exemple, une maman atteinte de dépression du post-partum avec un papa (et/ou) une famille au sens large qui n'a pas pris le relai auprès du bébé.

Merci au Dr Françoise Fericelli, pédopsychiatre
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