"Après 10 mois d'errance, j'apprends que j'ai un cancer alors que je suis enceinte" : Maëlle nous raconte son combat

Alors qu'elle est enceinte, Maëlle découvre qu'elle est atteinte d'un cancer du sein agressif. Elle nous raconte son parcours de jeune maman face à la maladie, les défis d'une maternité fragilisée et la résilience de son corps, qui continue de la porter malgré tout.

"Après 10 mois d'errance, j'apprends que j'ai un cancer alors que je suis enceinte" : Maëlle nous raconte son combat
© Maëlle - témoignage

Le combat de Maëlle commence à l'aube de ses 30 ans sans prévenir. À cette époque, la jeune femme est enceinte de 7 mois. Sa grossesse est bien entamée, elle pense avoir fait le plus dur jusqu'au jour où elle apprend l'impensable. "J'ai senti cette boule dans mon sein en octobre 2017, pour la première fois. Je ressentais des coups de poignard. Comme ma mère avait eu des cellules pré-cancéreuses à la poitrine, j'ai voulu consulter rapidement. Je n'ai cessé de me prendre des murs : quand vous voulez faire une mammographie à moins de 30 ans, on ne vous prend pas au sérieux, malgré l'ordonnance ! On me parle d'un fibroadénome, rien d'inquiétant, à venir faire contrôler quatre mois plus tard. Je suis rassurée. Parallèlement, je me lance dans un projet de bébé avec mon conjoint avec qui je suis depuis 15 ans", nous confie-t-elle.  

Les mois passent et vient le moment pour Maëlle de faire sa mammographie. L'examen se déroule sans encombre, et on lui dit "Tout est normal, ne vous inquiétez pas !". En entendant cette phrase, la future maman ressort l'esprit tranquille et poursuit sa grossesse. Dans le même temps, sa mère fait une récidive de son cancer, et à ce moment-là, la jeune femme commence à développer des douleurs étranges, qu'elle met sur le dos de sa grossesse. "Mon bassin me fait souffrir, ma nuque est si raide que je ne peux plus lever la tête pour regarder le ciel. Je me persuade que la grossesse et les 20 kilos qui vont avec expliquent ces gênes. Mon sein devient de plus en plus rigide, la boule grossit, et au prochain rendez-vous chez ma gynécologue, je lui demande de me palper. L'expression sur son visage change à la minute où elle me touche. Elle m'envoie faire une échographie en urgence", détaille-t-elle. 

L'échographe ne sait pas lui dire ce qui ne va pas, elle pense à une mastite, ce qui est étonnant vu qu'elle ne souffre pas. "En cherchant sur internet, je m'aperçois que mes symptômes sont similaires à un cancer du sein inflammatoire, sauf que ce dernier ne fait pas mal. Mon prochain rendez-vous chez la gynécologue confirme cette crainte : je suis atteinte d'un cancer HER2 positif de stade 4, j'ai une boule de 7 centimètres de diamètre dans le sein, le scanner réalisé ensuite révèle qu'il est métastasé aux os, depuis la nuque jusqu'au sacrum, en passant par le foie. Nous sommes en août 2018, je suis à 32 semaines de grossesse, et après 10 mois d'errance de diagnostic, je sais enfin ce que j'ai", explique-t-elle. 

Le temps lui est compté, lui dit-on. "L'une des premières choses qui me vient à l'esprit est que je ne verrai pas mon fils grandir, que quelqu'un d'autre que moi l'élèvera. Il n'en est pas question. En quelques minutes, je me transforme en machine de guerre : ce n'est qu'un contretemps dans ma vie, je ne me pose aucune question, je fais tout ce qu'on me dit de faire." Les rendez-vous s'enchaînent, les traitements et la chimiothérapie aussi. Portant la vie, les médicaments qui lui sont proposés ne passent pas la barrière placentaire. Quelques semaines après, pour ne prendre aucun risque, l'accouchement de Maëlle est prévu par césarienne, pour qu'elle puisse entamer un autre traitement plus agressif. 

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Maëlle, sur le trek Rose Trip, après avoir vaincu son cancer du sein © Jane Roussel

À ce stade, sa grossesse prend un tout autre tournant, plus rien n'est spontané. "Je regrette de me dire que je ne connaîtrai pas les contractions, que je ne serai pas celle qui lui donnera la vie, on viendra me le prendre et je serai endormie. Pour toujours, la date de sa naissance est liée à ma maladie, je suis en colère. Le 14 septembre, je porte déjà un foulard pour cacher ma perte de cheveux quand j'arrive à la maternité", se souvient-elle. Son fils est né, il s'appelle Yann. Les examens révèlent que le début de son traitement n'a pas eu d'incidence sur sa santé. "Cette période est à la fois remplie du bonheur de rencontrer mon fils et terriblement difficile. Je suis malade, j'ai toujours mes 20 kilos en plus, et je sais que ça ne va pas se calmer de sitôt, avec les médicaments, il n'est plus dans mon ventre et un gros combat m'attend. Mon reflet dans le miroir est difficile à affronter", raconte la jeune maman. 

Deux semaines plus tard, Maëlle reprend le chemin de la chimio, une étape de plus. "Je suis épuisée les premiers jours, je perds la mémoire, j'ai la peau extrêmement sèche, les yeux aussi. J'ai peur de ne pas pouvoir m'occuper de mon bébé. Mais j'ai une chance incroyable, c'est un nourrisson facile, qui dort, mange, sourit et recommence ! Mon conjoint prend trois mois de congés pour affronter cette période, qui finalement se passe plutôt bien." Au bout de cinq mois de chimiothérapie intensive, la bonne nouvelle tombe : "je suis en rémission totale". Le dernier scanner révèle qu'il n'y a plus aucune métastase, que la boule au niveau de son sein a totalement disparu. Le cancer est parti, comme envolé. Et trois ans après, Maëlle s'est donnée un nouveau défi : aller dans le désert du Sahara pour faire le Rose Trip, un trek d'orientation de trois jours, 100% féminin et solidaire, engagé dans la lutte contre le cancer du sein. Mission réussie, "je me sens vivante à nouveau !".

Propos recueillis en 2021.