"Je lance des défis à mes élèves pour garder le lien"

Enseignante à l'école primaire, Lisa s'est portée volontaire pour garder les enfants du personnel soignant pendant cette période épidémique de Covid-19. Accompagnée de sa mascotte Jane, elle prépare en même temps les cours à distance pour sa classe de CP-CE1. Elle nous raconte.

"Je lance des défis à mes élèves pour garder le lien"
© Instagram Jane_the_mascotte

Depuis la fermeture des écoles le 16 mars dernier, les enseignants se mobilisent pour faire classe aux écoliers des professionnels de santé, indispensables pour lutter contre le coronavirus. Le gouvernement a en effet mis en place un service de garde pour les enfants du personnel soignant en ouvrant exceptionnellement certains établissements scolaires. En cette période de confinement, Lisa, enseignante au primaire, s'est portée volontaire. "Les enseignants ont été mobilisés sur la base du volontariat. Etant donné que je ne présente aucun symptômes, j'estime qu'il s'agit d'une mission citoyenne. Et puis, j'ai aussi l'avantage de pouvoir prendre l'air dans la cour de récréation", précise l'enseignante, qui prépare en même temps des exercices pour ses élèves de CP-CE1, à distance. 

Garde des enfants du personnel soignant : comment ça se passe ?

Les écoles ouvertes pour les enfants des professionnels de santé ne peuvent accueillir que 10 enfants au maximum, afin de pouvoir respecter les consignes de sécurité. A Charenton-le-Pont (94) par exemple, ces écoliers sont tous réunis à l'école Aristide Briand. "Mais le premier jour, nous étions 7 enseignants... Pour un seul élève", précise Lisa. La plupart des parents médecins ou infirmiers avaient notamment trouvé une solution de garde en s'organisant avec le papa. Ceux qui bénéficient de ce dispositif sont souvent le personnel soignant dont les deux parents travaillent ou les parents solos. Finalement, "la mairie a lancé un appel pour permettre à ceux qui en ont besoin de se manifester, et ces derniers jours, nous comptions 6 élèves". Mais que font-ils concrètement la journée sachant qu'ils ne connaissent pas forcément les professeurs bénévoles et que ces derniers enseignent à un niveau de classe différent ? "Il est clair que je ne peux faire classe à un élève d'un autre niveau, d'autant que je dois préparer mes propres cours. Chaque enseignant fonctionne différemment, et la question qui se pose, c'est : comment faire classe si l'on a des élèves de CP et des autres de CM2 en même temps" ? Tout en respectant les gestes barrière et les mesures d'éloignement, "on va en fait organiser des jeux, visionner des documentaires et l'élève peut choisir, selon la disponibilité des enseignants présents, de passer du temps avec chacun d'entre nous". Enfin, les élèves de maternelle sont accueillis dans une autre école, celle-ci reçoit uniquement ceux de primaire, tandis que les collégiens, plus autonomes, peuvent rester seuls à la maison.

Cours à distance : "j'essaie de garder le lien avec mes élèves"

"Chaque soir, je prépare des vidéos que j'envoie le matin à mes élèves pour leur préciser les exercices à faire pour la journée. Dictée, exercices de grammaire, multiplications... En cette période spéciale, nous nous concentrons essentiellement sur le programme de Français et de mathématiques. Je filme tout ce que j'aurais du leur dire verbalement et cela permet de garder un lien avec eux". Lisa, toujours accompagnée de sa mascotte Jane (tant appréciée des petits écoliers) profite de cette période de confinement pour leur lancer des défis chaque jour et leur donner le sourire. "Les enfants savent que le coronavirus est une épidémie sérieuse, mais il faut éviter de les faire paniquer", précise-t-elle. "Ce matin par exemple, j'ai envoyé une vidéo de moi en pyjama et je leur ai demandé de me faire parvenir les leurs en photos. Demain, je leur proposerai de me montrer ce qu'ils ont mangé, ou à quoi ressemble leur chambre et pourquoi pas, une vidéo avec des exercices de sport pour leur permettre de se défouler..." Certains s'appellent en Facetime, s'envoient des vidéos Tik Tok ou des photos pour garder le lien avec la classe. "De mon côté, je n'hésite pas à leur dire que je pense à eux, qu'ils me manquent", déclare Lisa. 

Une véritable solidarité entre les parents

Les parents se sont tous réunis sur un groupe Watsap pour échanger entre eux, de manière pratique pour les devoirs, mais aussi pour permettre à leurs enfants de se parler entre eux. Le premier jour d'école à la maison, alors que les outils ENT ne fonctionnaient pas correctement en raison d'un trop grand nombre de connexions, un papa s'est proposé de créer, en quelques clics, un site internet dédié à la classe. "J'ai pu avoir 200 giga de mémoire et un logiciel avec une clé pour un mois, me permettant de réduire considérablement la taille de mes vidéos". Dans ces moments particuliers, la solidarité entre les parents et les professeurs est renforcée.

Et après le confinement ? 

Lisa avait prévu une classe découverte avec ses élèves début mai. Mais si le confinement se prolonge, il se pourrait que le voyage à Saint-Hilaire-de-Riez ne soit plus à l'ordre du jour. "Dans tous les cas, j'organiserai une semaine spéciale avec les enfants : un Koh-Lanta ou des Olympiades où on ferait classe le matin et des défis l'après-midi. Je pense également que nous organiserons un grand pique-nique avec tous les parents, lorsqu'il fera beau et que le coronavirus sera derrière nous !"