"Je suis moche" : la réponse classique semble bienveillante, mais c'est tout l'inverse
Lorsqu'un enfant exprime un mal-être sur son apparence, la réaction de l'adulte peut avoir un impact considérable sur son estime de soi. Entre l'envie de rassurer et la peur d'aggraver la situation, voici comment trouver les mots justes.

Lorsqu'un enfant confie qu'il se trouve moche, le premier réflexe est souvent de le contredire immédiatement avec un "mais non, tu es très beau/très belle !". Pourtant, cette réaction peut l'empêcher d'exprimer pleinement ce qu'il ressent. Comme le souligne Laurie Gozlan du compte Instagram @_petit_deviendra_grand_, il est donc primordial de commencer par valider son sentiment. Par exemple, une phrase comme "Je comprends ce que tu ressens, moi aussi, il m'arrive de ne pas me trouver au top certains jours" permet de lui montrer qu'il n'est pas seul à éprouver cela et l'encourage à poursuivre la discussion.
Plutôt que de nier son ressenti, il est utile de l'aider à comprendre que la perception de la beauté physique fluctue. L'humeur, la fatigue, le contexte ou encore le regard des autres influencent la manière dont on se perçoit. En lui rappelant qu'il s'est déjà trouvé beau à certains moments, vous l'invitez à relativiser et à envisager son apparence sous un angle plus nuancé. De plus, dans une société où l'apparence est omniprésente, il est essentiel d'expliquer à un enfant que la beauté physique ne définit pas la valeur d'une personne. Il peut être tentant de lui dire qu'il est magnifique, mais le véritable enjeu est de lui faire comprendre que l'importance accordée à l'apparence est souvent exagérée. La beauté peut faciliter les premiers contacts, mais elle ne permet pas de construire des relations profondes. Ce qui crée de l'attachement durable, c'est la personnalité, les valeurs et la manière dont on interagit avec les autres. Pour illustrer cela, l'experte propose d'expliquer à l'enfant la théorie de l'aimant.
"Prenons deux aimants. Ce qui les attire l'un vers l'autre, ce n'est pas leur apparence, mais la matière dont ils sont faits", explique Laurie Gozlan. "Leur champ magnétique, invisible, est ce qui les rend indissociables. C'est exactement la même chose avec les personnes." L'attachement profond ne repose pas sur l'aspect physique, mais sur ce que l'on est, ce que l'on dégage et la manière dont on interagit avec le monde. Appliquer cette idée à un enfant permet de déplacer son attention de l'apparence vers ce qui compte réellement : sa gentillesse, son intelligence, son humour, son courage. Plutôt que de chercher à plaire par l'apparence, mieux vaut investir dans cette "beauté invisible". Encourager un enfant à cultiver ses qualités et à s'investir dans ce qui le passionne lui permettra ainsi de gagner en confiance et en estime de lui.
Cependant, si un enfant manifeste régulièrement un mal-être face à son apparence, il est important d'en identifier la cause. Se trouve-t-il moche en raison de moqueries répétées ? Est-il influencé par des modèles inatteignables qu'il voit sur les réseaux sociaux ? Dans ce cas, une action plus approfondie est nécessaire. L'accompagner dans des exercices quotidiens pour mettre en avant ses forces et lui apprendre à se protéger des jugements extérieurs sont des solutions essentielles.