"Ils l'ont mis dans une poubelle et lui ont fait manger des vers de terre" : une mère raconte le calvaire de son fils
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"Ils l'ont mis dans une poubelle et lui ont fait manger des vers de terre" : une mère raconte le calvaire de son fils

Raphaël a été victime de harcèlement scolaire pendant des années sans jamais oser en parler. Depuis le CP, il a subi en silence jusqu'au jour où, à bout de force, il s'est enfin confié à ses parents. Sa maman brise le silence.

Il y a quelques années, en 2015, Géraldine*, maman de Raphaël*, alors âgé de 9 ans, se confie sur le harcèlement scolaire dont est victime son film depuis l'école élémentaire. Le calvaire a véritablement commencé au CP, "lorsque des grands lui ont fait manger des vers de terre à la récréation. Puis, sont venus les coups, les humiliations et les insultes. Ils lui ont jeté ses lunettes, arraché ses dessins et l'ont même enfermé dans une poubelle !" S'il s'agissait au départ d'enfants plus âgés que lui, les élèves de sa classe s'y sont mis peu à peu, eux aussi. 

Avant de tout découvrir, Géraldine avait bien remarqué un changement dans le comportement de son fils. "Raphaël était très anxieux, mélancolique, faisait parfois des crises de nerfs et était soucieux, bien qu'il ait toujours été renfermé". Pourtant, il a toujours aimé l'école. Ses notes ont petit à petit chuté, il n'avait plus envie de travailler, et a commencé à avoir des troubles digestifs. "Pour être objective, je n’ai pas pensé une seule seconde à un harcèlement scolaire ! On sentait que quelque chose n'allait pas, sans y mettre de nom. Mais à aucun moment, nous n’aurions pu imaginer que l’endroit dans lequel nous confions notre fils ressemblait pour lui à un enfer. Quand on le questionnait pour savoir pourquoi il avait changé, nous n’avions le droit qu’à des silences", nous explique-t-elle. 

Les parents de Raphaël ont tout découvert un soir, après un énième "interrogatoire". "C'est à l'âge de 9 ans qu'il s'est confié à nous, en craquant. Il a alors lâché son récit dans un flot de pleurs. Il était à bout, il avait encaissé depuis tant d’années ! Il nous a dit qu’il n'était pas heureux, qu'il ne comprenait pas pourquoi il vivait, et qu’il voulait mourir. Nous étions effondrés", déclare Géraldine. À l'époque, leur fils était suivi par un pédopsychiatre avec lequel il n'avait jamais rien évoqué. 

Pour la mère de famille, si les camarades de son fils s'en sont pris à lui, c'est parce qu'il était différent d'eux. "C’est un petit garçon hyperactif, dyspraxique et surdoué. Il est passionné de mythologie grecque et de sciences. Il n’a jamais eu d’amis ayant les mêmes centres d’intérêts que lui... C'est donc un garçon "différent" des autres de son âge. Le peu d'enfants qui lui parlaient encore se sont braqués contre lui simplement parce qu’il avait un "traitement" (pour son hyperactivité, ndlr)."

Après les confidences de leur fils, Géraldine et son mari se sont rendus à l'école. L'institutrice de Raphaël ne savait rien, ni même le directeur de l'établissement. "Nous n’avons épargné personne, la colère nous dépassait. Nous ne comprenions pas comment il était possible que le personnel de l'école n'ait rien vu alors que tout se passait sous leurs yeux. Nous avons souhaité dans un premier temps le changer d’établissement scolaire, mais cela était trop compliqué. Puis, comme nous avions dénoncé ce harcèlement scolaire vers la fin de l’année, et que les harceleurs changeaient d’école pour passer au collège, le problème était donc, d’après le directeur, résolu pour l’entrée au CM1", ajoute la mère de famille. Effectivement, cette année-là s’est relativement bien passée, sans souci majeur avec les autres enfants... jusqu’à la rentrée de CM2.

Le problème a recommencé de plus bel, cette fois, avec trois enfants de sa classe. "Une fois de plus, Raphaël ne nous avait rien dit. Nous avons beau lui expliquer que notre rôle de parents est de le défendre et d'être présents, il préfère garder ses problèmes pour lui. Je pense aussi qu'il a "honte" de ne pas savoir se défendre. Il vit cette dernière année de primaire comme la fin de son calvaire. L'an prochain, il n'ira pas au même collège que les autres enfants."

Ses parents l'ont en effet inscrit dans un établissement privé, pour qu'il puisse "reprendre sa vie à zéro". Malgré tout ce qu’il a subi toutes ces années, Raphaël n’est pas en colère contre ses harceleurs, il veut avancer et "ne souhaite pas être méchant pour se défendre". Et pour la première fois, le jeune garçon s'est fait un ami, et c'est sans doute la plus belle des récompenses !

*Propos recueillis en 2015. Les prénoms ont été modifiés.