Agustin Galiana : "Si je fais ce métier, c'est pour m'engager !"

Star de "Clem", homme de théâtre et de cinéma, mais aussi chanteur, Agustin Galiana est un artiste complet. Le 28 août, il est revenu avec "Plein Soleil", un deuxième album lumineux, à l'accent latin et au rythme endiablé. Jamais avare de son sourire, le bel Ibère se livre sur sa musique, la prochaine saison de "Clem"... mais également son parcours, ses galères, ses combats. Rencontre ensoleillée.

Votre deuxième album Plein Soleil est sorti le 28 août dernier. C'est un album de reprise à mi-chemin entre la France et l'Espagne. Quelle est la genèse de cet album ?
C'est venu de mon envie de monter sur scène. L'an dernier, je voulais faire mes premiers concerts, mais je n'avais que 13 chansons. Il fallait rajouter des morceaux. Alors avec mon label, on a fait une liste de plus de 200 titres, et on a ciblé les chansons autour du soleil, de l'Espagne, du Sud… C'est comme ça que l'album est né ! Dans Plein Soleil, ce sont des morceaux qui me plaisent, qui me rappellent des souvenirs… Quand je suis arrivé à Paris il y a 8 ans, je ne parlais pas un mot de français. C'est grâce à toutes ces chansons que j'ai pu apprendre si rapidement la langue.

"Mon arrivée en France a été très difficile"

Comment avez-vous vécu ce nouveau départ, cette nouvelle vie d'expatrié ?
Mon arrivée en France a été très difficile. Je ne parlais pas la langue, je ne connaissais personne, je n'avais pas d'argent… J'ai trouvé un travail dans une boutique où on ne me laissait même pas dire un mot. Je ne faisais que plier des fringues ! J'imagine que c'est comme ça pour beaucoup, mais l'accueil à Paris a été très compliqué. Paris c'est le speed, c'est l'agressivité, ce n'est pas chaleureux. J'ai eu la chance d'être hébergé par un ami, ce qui m'a permis de souffler… Mais c'est surtout la série Clem qui m'a permis de me sentir bien ! J'ai été très bien accueilli par l'équipe et les fans de la série. Puis avec Danse avec les Stars, j'ai compris que j'étais vraiment adopté par le public français. Aujourd'hui, quand je croise quelqu'un dans la rue, il me sourit. Même si la ville est toujours à 100 à l'heure, je retrouve des pointes de lumières qui me font énormément de bien. Ça me rappelle mon pays ! 

Vous êtes chanteur, comédien, danseur… Avez-vous déjà été contacté pour rejoindre la troupe des Enfoirés ?
Non, mais ça me plairait énormément ! J'aimerais beaucoup pouvoir mettre mon talent au service des Restos du Coeur. Je pense que j'ai quelque chose à apporter. 

Dans l'album, on retrouve certains titres avec des messages forts comme Le Soleil Donne (discriminations, racisme) ou encore La Corrida (cause animale). Quel rapport entretenez-vous avec ces combats ?
Ce sont des combats qui me tiennent à coeur depuis tout jeune. La Corrida, j'étais habitué à la voir à la télévision tous les samedis soirs en Espagne. La mort du taureau ne me choquait même pas. Mais en grandissant, je trouve ça d'une atrocité… Je ne lui enlève pas la beauté du spectacle et la théâtralité. Mais la mise à mort de l'animal, je trouve ça horrible. 
Je suis sensible aux discriminations sociales et raciales depuis ma plus tendre enfance. J'ai été élevé par deux parents très tolérants.
Ma mère travaillait dans une école pour élèves en difficultés : elle s'occupait d'enfants trisomiques, autistes, avec des problèmes familiaux très durs... Alors quand j'ai entendu la chanson de Laurent Voulzy, ça a été une évidence. Et avec tout ce qui se passe en ce moment aux Etats-Unis, c'est tristement actuel...

Vous êtes également très engagé pour l'écologie…
Oui, j'aime prendre soin des choses. Nous ne sommes pas propriétaires de la planète, c'est notre véhicule. Se balader dans la rue et jeter des trucs par terre, je ne comprends pas. La rue n'est pas une poubelle. L'année dernière, j'ai nettoyé une plage de 500m à moi tout seul ! Je trouve que c'est important de profiter de notre visibilité, de notre image, pour sauver la planète. On ne peut pas continuer à fermer les yeux face au réchauffement climatique. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement ne se réveille pas. Quand je vois qu'il y a des gens qui ne recyclent toujours pas, j'hallucine ! Si je fais ce métier, ce n'est pas que pour les paillettes, il faut aussi s'engager ! J'ai d'ailleurs un projet de maison écologique en Espagne. C'est une habitation autonome qui ne sera pas reliée à l'électricité et l'eau de la ville.

Votre projet était initialement daté au 24 avril, en plein confinement, comment avez-vous vécu cette période particulière ?
J'ai très bien vécu le confinement. Cette période m'a permis de souffler un peu, de me reposer. J'étais dans un état de fatigue extrême. J'avais un grand balcon, je pouvais sortir un peu. Je me suis même acheté un piano, instrument je n'avais pas touché depuis mes 14 ans ! J'ai plus souffert au niveau artistique. La sortie de mon album a été repoussée, mes dates de concerts reportées… Et puis ça me fait de la peine de voir tous les artistes et techniciens espagnols qui ne sont pas payés depuis 6 mois. En France, on a des aides, on a une chance incroyable. Après il y a eu aussi l'inquiétude et la séparation avec ma famille, qui est loin...

"J'ai toujours peur de ne pas être assez bien"

Vous incarnez depuis 5 ans Adrian dans la série Clem. C'est un personnage qui enchaîne les galères. C'est une situation que vous avez connu ?
Oui, j'ai passé des années de galères en Espagne. Pendant 4 ans, personne ne m'appelait pour travailler. C'était horrible. C'était dur économiquement mais aussi psychologiquement. J'ai beaucoup perdu confiance en moi. Je pensais que je ne servais à rien, que je n'étais pas un bon artiste, que les gens ne m'aimaient pas… Encore aujourd'hui, même si je suis devenu un comédien très populaire en France, je garde des cicatrices de ces années-là. J'ai beaucoup d'insécurité. J'ai toujours peur de ne pas être assez bien. 

Malgré tout, vous êtes quelqu'un de très positif… 
J'essaie toujours de voir le côté positif des choses, tout comme Adrian. Ce personnage a un mental incroyable. Malgré les galères, il trouve toujours un moyen de s'en sortir, quitte à parfois faire les mauvais choix… 

Que nous réserve cette 10e saison de Clem ?
On va revenir à l'essentiel de la série, tout en continuant à traiter des thèmes d'actualité. Adrian va revenir à ses sources, retrouver son métier, sa famille. On est en train de tourner une saison 11 moins lourde, moins dramatique, avec beaucoup plus de dérision. Ça fait du bien en ce moment… 

Quels sont vos prochains projets ?
Je suis dans la nouvelle quotidienne de TF1 Ici tout commence qui débute à l'automne. Je suis aussi à l'affiche de deux films : Boutchou qui sort ce 23 septembre avec Carole Bouquet et Gérard Darmon, et Les Cobayes, en salles le 27 novembre, aux côtés de Thomas Ngijol et Judith Chemla. Je suis le troisième rôle du film, je suis très content. En ce moment, les artistes, on vit une période très difficile. Alors avoir une actualité aussi chargée, c'est exceptionnel. Je me sens très chanceux.