Aliocha, charmant songwriter

Dans la famille Schneider, je demande Aliocha. Après une carrière précoce au cinéma, le petit frère de Niels a choisi la scène pour s'exprimer. Songwriter à la voix cristalline, le benjamin de la fratrie a livré un premier album enchanteur. Nous l'avons rencontré lors du Festival Fnac Live 2017.

Magnétique. Aliocha l'est autant par sa voix que son physique. Boucles blondes, yeux noirs, traits fins et délicats, sourire ravageur. Pas étonnant que l'avant-dernier de la famille Schneider ait commencé sa carrière au cinéma. Dès 10 ans, le frère de Vadim (disparu dans un accident de voiture), Niels, Volodia et Vassili passe devant la caméra. Il enchaîne les rôles sur grand et petit écran. Lorsqu'il ne tourne pas, Aliocha gratte sur sa guitare. Tout le temps. Passionnément. Soucieux de ne pas avoir une voix stéréotypée, il délaisse cours de chant et de guitare pour apprendre seul, en autodidacte. Vers 17 ans, encouragé par ses parents, professeur de théâtre et mannequin, la graine de star quitte l'école. Il rencontre Jean Leloup, artiste québécois qui scellera son destin de musicien. Celui d'un jeune chanteur à la voix céleste et pure, aux textes sincères et faussement candides et aux mélodies folk parfois psychédéliques souvent mélancoliques mais toujours magnétiques. Le public du Festival Fnac Live confirmera. Seul sur scène avec sa guitare, Aliocha a conquis les Parisiens avec ses riffs de guitare. La douceur du soleil couchant n'y était pour rien. 

Comment s'est fait ta participation au Festival Fnac Live ?
La Fnac m'a encouragée dans le lancement de mon album Eleven Songs. C'est une chance inouïe de jouer devant autant de monde, seul avec ma guitare. Et c'est l'occasion de rencontrer un public parisien très large. 

Festival versus salle de concert, y'a-t-il une différence ? 
En concert, les gens ont payé. En principe, ils connaissent l'artiste qu'ils viennent voir. Dans un festival, le public est plus dans une démarche de découverte. Le contact est peut-être un peu moins direct. Mais ce sont deux expériences différentes. Dans les deux cas, je me concentre pour prendre du plaisir. 

Tu as gardé ton prénom comme nom de scène sans y apposer ton nom. Une façon de te démarquer de ton "pedigree" ?
Aliocha est un prénom assez atypique, les gens pensent que c'est déjà un nom de scène. C'était donc finalement assez pratique. 

Cinq ans pour "accoucher" d'un album, ce n'est pas trop douloureux ? 
J'ai un peu tort de dire que j'ai mis 5 ans à le sortir. En réalité, j'ai signé avec mon label au Québec il y a 5 ans. J'ai pu évolué et faire évoluer mes chansons car j'ai mis du temps à trouver un producteur avec lequel je sentais une bonne synergie. Lorsque j'ai rencontré Samy Osta qui a produit mon album, j'avais plus d'une vingtaine de chansons en stock. Comme je n'étais pas encore du tout connu, je ne voulais pas d'un album trop long. On a sorti 5 chansons en EP puis onze pour l'album. Notre collaboration s'est faite dans la confiance et l'amitié. Un vrai travail de binôme. Donc non, cela n'a pas été trop douloureux !

Eliott Smith, Bob Dylan sont importants pour toi. Il y a aussi, Jean Leloup, un artiste québécois. Qui est-il ?  
C'est un chanteur dont j'étais fan petit. Je l'ai rencontré après avoir signé avec mon label. Il m'a pris sous son aile, m'a fait joué avec des musiciens. Il m'a appris une façon de travailler basée sur la simplicité. C'est quelqu'un de profondément humain dans son rapport à l'autre. Il m'a aussi mis en garde contre le formatage en m'aidant à trouver mon son. Je lui suis profondément reconnaissant. 

Pourquoi avoir choisi la Suède pour enregistrer ton album ? 
Samy Osta connaissait le studio pour y avoir travaillé avec Feu Chatterton!. C'était formidable d'être au milieu de nulle part. Cela a insufflé une belle créativité. 

Ton album alterne entre chansons très orchestrées et d'autres plus sobres. Une volonté de brouiller les pistes ? 
Comme j'ai eu 5 ans pour composer mon album, je n'avais pas vraiment de squelette en tête. J'écrivais des chansons. Au moment de l'enregistrement lorsque j'ai présenté mon catalogue à Samy Osta, on a choisi d'en garder certaines assez brutes, pour ne pas les dénaturer. D'autres nécessitaient d'être arrangées. Sur l'album, les trois titres les plus acoustiques sont à la fin. C'est un peu comme sur une vinyle, une sorte de face B. 

Certaines chansons d'amour s'adressent à ton frère, Vadim décédé lorsque tu avais 10 ans... 
C'est lui qui m'a donné envie de chanter. Je sentais que j'avais des choses à exprimer après sa mort. Mes premières compositions s'adressaient toutes à lui. Il a été mon moteur au départ mais je ne voulais pas non plus que tout mon projet tourne autour de cela. Je raconte donc des choses personnelles dans lesquelles je m'adresse à mon frère mais aussi des amis etc.

Tu t'es entouré de musiciens pour ta tournée. Le passage de solo à "full band" n'est-il pas trop compliqué ? 
J'aime les deux. Quand je suis seul avec ma guitare, j'ai le sentiment de retrouver l'essence de mes chansons. C'est assez difficile à expliquer mais c'est comme si je plongeais dans les moments où je les ai composées. En groupe, c'est une autre expérience. Il y a moins de solitude qui peut être parfois un peu dure à supporter. Avec mes musiciens qui sont des potes et mon frère Volodia, on partage des moments, l'après concert. C'est génial aussi. 

Quelle chanson de ton album recommandes-tu pour découvrir ton univers ? 
Sarah. Un peu folk mais aussi assez contemporaine. 

Si tu devais résumer ton album en un mot ? 
Sincère. 

La guitare, bon instrument de drague ? 
Ce n'est plus le but aujourd'hui (rires). Quand j'ai commencé, c'était peut-être un peu le cas j'avoue. 

Interview en expressions franco-québécoises 

Quelle est ta mélodie du bonheur ? 
C'est un peu une évidence mais être sur scène. Quand cela se passe mal, c'est assez traumatisant. Mais quand il y a eu une émotion une communion avec le public, que l'émotion est passée, c'est exaltant.

Qu'est-ce qui te fait avoir le feu au cul (être en colère) ? 
Les gens qui restent à gauche dans les escalators. Ça me rend fou ce manque d'altruisme. 

Quelle musique adoucit les mœurs ? 
Le folk. Cette musique fait un bien fou, apaise. 

La dernière fois que tu as passé la nuite sur la corde à linge (nuit blanche) ? 
Pendant le Festival de Jazz à Montréal où j'ai joué pour la première fois devant un public Québecois. Les gens étaient vraiment venus pour me voir moi. Il y avait aussi beaucoup d'amis, ma famille. Tout le monde chantait mes morceaux, c'était assez fou. 

Qu'est-ce qui te met des motons dans l'estomac (angoisse) ? 
De ne pas être assez bon dans ce que je fais. De ne pas être à la hauteur. C'est mon côté perfectionniste. 

Qu'est-ce qui te met des trémolos dans la voix ? 
Quelqu'un qui s'excuse. Pas des excuses pour t'avoir bousculé bien sûr mais un pardon sincère après une dispute par exemple. Cela m'émeut vachement. 

Qu'est-ce qui te fait avoir le shake (avoir peur) ? 
La scène. Je combats le stress en boxant dans le vide. C'est mon père, professeur de théâtre qui me faisait faire ça petit. Cela permet de pousser en avant tout ce stress et d'en faire quelque chose d'énergique et combatif. 

Eleven Songs d'Aliocha, disponible depuis juin 2017 / Pias