Comme MIGNONNES, 3 films qui interrogent le corps adolescent

C'est un premier film qui marque ! Avec "Mignonnes", en salles le 19 août, la réalisatrice Maïmouna Doucouré brosse le portrait d'une ado qui entame une mue mouvementée au contact d'un groupe de danseuses. A cette occasion, le Journal des Femmes revient sur des œuvres qui ont su sonder les questionnements adolescents liés aux corps.

Après son court-métrage Maman(s), lauréat en 2017 d'un César et dans lequel elle s'intéressait au destin d'une fillette aux prises avec une famille polygame, la réalisatrice Maïmouna Doucouré met une nouvelle fois l'adolescence au cœur de son art. Mignonnes, son premier long-métrage, pour lequel elle a été sacrée meilleure réalisatrice au dernier Festival de Sundance, est en effet filmé à hauteur de son héroïne, Amy, 11 ans. Timide et naïve, écartelée entre des envies d'émancipation et des traditions suffocantes, elle finit par rallier un groupe de danseuses avec lequel elle twerke de manière lascive, découvrant un corps qu'elle aimerait voir évoluer plus vite qu'il ne le peut vraiment.
Le rapport au corps -ici hypersexualisé- est justement au centre de l'attention de Doucouré. Comme elle, d'autres cinéastes, comme Céline Sciamma (Naissance des Pieuvres, Tomboy), Jacques Doillon (La Fille de 15 ans) ou Sofia Coppola (Virgin Suicides) ont aussi exploré cette thématique. En voici trois exemples.   

"Mignonnes // VF"

Juno de Jason Reitman (2008)

Inoubliable héroïne des années 2000, imaginée par Diablo Cody (lauréate de l'Oscar du Meilleur Scénario Original en 2008), Juno a marqué une génération de spectateurs. A 16 ans, cette jeune fille à l'invariable franchise, qui révéla le talent foudroyant d'Ellen Page, n'a rien en commun avec ses congénères. Aux virées dans les centres commerciaux, elle préfère vaquer à des occupations plus solitaires. Mais bientôt, elle ne sera pourtant plus vraiment seule, puisqu'enceinte d'un certain Bleeker (Michael Cera). D'un coup, ses ancrages sont dégoupillés.

Face à une modification progressive de son corps, et à ce ventre qui gonfle au milieu de cette frêle silhouette, Juno va tenter, avec caractère et intrépidité, de trouver des parents qui pourront accueillir son futur enfant.

Pépite du cinéma indépendant américain, cette comédie dramatique de Jason Reitman célèbre l'anticonformisme et rappelle que la marge peut être un superbe engrais pour mieux grandir et devenir.      

Kids de Larry Clark (1995) 

Impossible d'évoquer l'adolescence et les corps au cinéma sans convoquer celui qui en a fait sa matrice artistique : Larry Clark. Il y a eu évidemment Bully (2001) ou Ken Park (2002). Mais il y a surtout eu sa première réalisation, Kids, sortie en 1995. Un opus écrit par Harmony Korine qui lui conféra immédiatement cette aura sulfureuse de laquelle il ne s'est jamais délestée.

De ses débuts à son exposition Kiss the Past Hello proposée au Musée d'Art moderne de Paris entre 2010 et 2011, jusqu'à son récent The Smell of Us (2015), l'intéressé a fait du corps l'enjeu de ses héros titubants, ivres de sensations, de sexe ou de violence.

Dans son séminal Kids, on retrouve un de ses personnages-types, au cœur d'un New York caniculaire ; il s'appelle Telly, est skater et passe son temps à dépuceler de très jeunes filles. L'une d'entres elles apprend un jour sa séropositivité et décide de le retrouver afin qu'il ne contamine personne d'autre. Un choc.    

Girl de Lukas Dhont (2018)

Girl a marqué l'édition du Festival de Cannes 2018 en enthousiasmant le public et en empochant la prestigieuse Caméra d'Or ainsi que le prix d'interprétation (non genré) pour son comédien principal : le terrassant et superbe Victor Polster.

Dans ce coup de maître de Lukas Dhont, ce dernier incarne Lara, 15 ans. Elle rêve de devenir danseuse étoile et bénéficie, dans ses belles aspirations, du soutien infaillible de son papa. Lara est née garçon et souffre hélas dans ce corps qui ne veut pas lui faciliter la vie. A cor et à cri, elle nous embarque vers un magnifique et déchirant voyage vers l'affirmation de soi, vers la quête d'une identité si précieuse.

Un premier film qui revêt les contours d'un récit d'émancipation passionnant, filmé avec une pudeur, une grâce et une sensibilité constantes. Au cours des dernières années, rares sont les œuvres qui ont dépeint aussi justement le rapport complexe au corps.