Un Jour de Pluie à New York, Ad Astra... : nos coups de cœur du 18 septembre

Sortez vos parapluies pour un zeste de romantisme, accompagnez Brad Pitt dans un voyage intime et interstellaire, tremblez devant un récit de disparition implacable... "Un Jour de Pluie à New York", "Ad Astra" et "Trois Jours et une Vie" sont nos conseils ciné de la semaine.

Un Jour de Pluie à New York de Woody Allen

Un film de Woody Allen, c'est comme un cadeau d'anniversaire, une friandise ou une coupe de champagne. Quelque chose de pétillant que l'on aime retrouver. Un rendez-vous de cinéma. Une promesse. Avec Un Jour de Pluie à New York, dont la sortie fut retardée par la réitération de l'accusation d'agression sexuelle par sa fille adoptive Dylan Farrow, le cinéaste nous invite à marcher dans les rues de New York, sa ville, sous une pluie de romantisme. Cette nouvelle réalisation au charme fou et aux qualités d'écriture et d'interprétation plurielles suit deux étudiants -Gatsby (Timothee Chalamet) et Ashleigh (Elle Fanning)- dans une escapade new-yorkaise qu'ils espèrent magnifique. Les attentes sont très vite bousculées. Rien ne se passe en effet comme prévu au cours de leur week-end en amoureux. Séparés par les aléas et les surprises de la vie, ils devront, en 48 heures, essayer de mieux se connaître et se réaliser au fil des rencontres, qu'elles soient familiales, amicales ou totalement surprenantes. Du marivaudage, des notes de piano, du charme dans les prestations… Woody Allen déclare ici sa flamme à l'amour, au romantisme, à New York, avec une douceur entrelacée de quelques saillies cinglantes, notamment à l'endroit du monde du showbizz, qu'il se paye avec panache et ironie. Une errance revigorante !

Avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez (1h32)

"UN JOUR DE PLUIE À NEW YORK // VOST"

Ad Astra de James Gray

Après The Yards, La Nuit Nous Appartient ou Two Lovers, James Gray s'est éloigné de son écrin new yorkais en 2017 pour s'essayer, avec une grâce et une puissance inouïes, au film d'aventure intimiste avec The Lost City of Z. Cette année, le maestro relève un nouveau pari, qu'il avait d'ailleurs dans sa ligne de mire depuis un long moment. Celui de la science-fiction. Ad Astra, injustement reparti bredouille du dernier Festival de Venise, retrace le parcours d'un astronaute envoyé aux confins du système solaire pour rechercher son père, disparu lors d'une mission spatiale, et sauver potentiellement l'humanité. Dans la peau de ce héros taciturne, sur lequel le cinéaste projette toutes ses appréhensions et ses failles, Brad Pitt trouve l'un des meilleurs rôles d'une carrière déjà dingue. Investi également dans ce projet à la production, le comédien traduit tous les tourments qui habitent son personnage avec une sobriété exemplaire. James Gray profite ainsi de cette odyssée pour effectuer sa propre thérapie. Pour se sentir un peu moins seul, aussi. Car le nerf de ce voyage grandiose réside en effet au creux d'un mal dévorant : la solitude de l'homme face à lui-même et face à l'immensité. Visuellement splendide, transcendé par la BO de Max Richter, Ad Astra ("vers les étoiles" en latin), porte décidément très bien son titre.

Avec Brad Pitt, Tommy Lee Jones, Ruth Negga (2h04)

"Ad Astra // VOST"

Trois Jours et une Vie de Nicolas Boukhrief

L'action se situe en 1999, à Olloy-sur-Viroin, dans les Ardennes belges. Un enfant vient de disparaître dans des circonstances mystérieuses. Toute la commune, en émoi, est mobilisée pour le retrouver. Tandis que les suspicions fusent, mettant les villageois de plus en plus à cran, écartelés entre affliction et colère, la vérité est insoupçonnable. Le spectateur, lui, sait d'emblée ce qui est advenu et partage le secret avec le coupable : un jeune garçon. Ou coupable innocent, tout du moins. Car le petit Antoine Courtin n'a pas fait exprès de tuer le disparu. C'était accidentel. Il tremble. Il a peur. Peur de cet étau qui se resserre sur lui. Peur de se confesser. Trois jours et une vie, adapté du roman homonyme de Pierre Lemaitre (Au-revoir là-haut), entremêle avec habilité le drame familial et le thriller. Ce mariage réussi et équilibré doit beaucoup à la mise en scène efficace, d'un classicisme noble, de Nicolas Boukhrieff, dont il s'agit là du tout premier film de commande (par l'écrivain du roman himself). Avec sa trame diffuse, son intrigue dense, qui révèle des personnages plutôt nuancés et plein de surprises -le casting, au sein duquel brille Pablo Pauly, est réussi-, et sa temporalité intelligente, ce long-métrage maintient une tension constante et nous tient en haleine jusqu'aux toutes dernières secondes. Capitales. 

Avec Sandrine Bonnaire, Pablo Pauly, Charles Berling (2h00)