Elles adorent se masturber et l'assument : "Quand je suis triste, de mauvaise humeur, que je n'arrive pas à..."
Des femmes nous partagent leurs expériences du plaisir en solitaire...

D'après la récente enquête de l'INSERM sur la sexualité des Français, près de 73% des femmes se sont déjà masturbées. Longtemps condamnée, cette pratique tend -enfin- à être socialement acceptée. Aujourd'hui, nombreuses sont celles à revendiquer ce droit à l'auto-érotisme, à l'instar de Pauline et Manon, qui tirent de la masturbation un épanouissement dont les effets se répercutent aussi bien sur leur vie sexuelle que sur leur équilibre psychique. Le Journal des Femmes les a rencontrées.
Durant de nombreuses années, Manon, 30 ans, a cru qu'elle avait "un problème". Peinant à connaître le plaisir sexuel avec ses partenaires, elle a longtemps pensé être atteinte d'une pathologie : "J'avais l'impression d'être cassée, je me suis même demandée si je ne souffrais pas de vaginisme. Je ne ressentais rien, je n'avais jamais eu d'orgasme." Inquiète, elle consulte une gynécologue pour poser un diagnostic. "Elle m'a demandé ce qui me procurait du plaisir. Je me suis rendue compte que je n'en savais rien car je n'osais pas me masturber." Le compagnon avec qui Manon partageait alors sa vie n'était pas très ouvert sur le sujet : "Pour lui, si tu achètes des sextoys quand tu es en couple, c'est que tu es nymphomane. Ça m'a bloquée. Je n'ai franchi le cap que lorsqu'on s'est séparés".
"J'ai mis du temps à savoir ce que j'aimais"
Encouragée par la gynécologue à découvrir son corps, elle se lance dans son exploration à l'aide de sextoys. "Ça a marqué un tournant. À partir du moment où je me suis rendu compte que oui, je pouvais avoir des orgasmes, parfois en trois minutes, j'ai compris que le problème ne venait pas de moi". Depuis, la jeune femme s'adonne au plaisir solitaire régulièrement, ce qui a considérablement amélioré sa confiance en elle et ses rapports à deux : "J'ai mis du temps à savoir ce que j'aimais, j'ai essayé plein de choses. Aujourd'hui je me connais mieux, ce qui me permet de guider mes partenaires, mais aussi d'oser dire non si ça me fait mal, car maintenant je sais que ce n'est pas normal". Une expérience partagée par Pauline, 28 ans, qui se masturbe depuis l'enfance : "Ce n'est pas quotidien, mais régulier. Cela m'a permis d'identifier les gestes qui me plaisent, même si je n'ai pas forcément envie de reproduire à deux ce que je vis en masturbation. Je pense que cela m'a donné une ouverture d'esprit qui m'aide à lâcher prise. Pour moi, le sexe et la masturbation ne sont pas des tabous, et cela se ressent dans ma vie intime."
Pour les deux femmes, les bienfaits de la masturbation vont au-delà du plaisir qu'elle leur procure. Pauline aime se masturber quand elle n'a pas trop le moral : "Cela me permet de me sentir mieux quand je suis un peu triste ou de mauvaise humeur." Sujette à l'anxiété, Manon y trouve, elle aussi, un moyen naturel pour retrouver sa sérénité : "Je sens que je suis plus détendue. C'est comme un petit anti-dépresseur". Se masturber lui permet aussi d'alléger les tensions du coucher : "Je le fais souvent le soir, lorsque je n'arrive pas à dormir. Cela m'aide à être plus calme pour trouver le sommeil". Les endorphines libérées pendant l'orgasme ont également un effet antalgique reconnu. "Cela apaise mes maux de têtes ou bien les démangeaisons qui peuvent apparaître pendant mes règles" confirme Manon.
Bien que les deux femmes assument leur pratique régulière de la masturbation, elles regrettent que cette dernière fasse encore l'objet d'une stigmatisation. Manon sent parfois un malaise chez ses partenaires sexuels : "Ils le prennent comme une critique personnelle, comme s'ils n'étaient pas suffisants. On accepte pourtant bien la masturbation masculine. Parce que je n'ai pas d'érections chaque matin, je n'aurais pas de désir ? Moi aussi je veux un orgasme tous les jours, en me levant ou en allant me coucher !" s'insurge-t-elle. Pauline ne comprend pas non plus cette stigmatisation : "C'est pour moi la clé de l'épanouissement sexuel. Il faut savoir prendre du plaisir seule pour y parvenir à deux." Si le sujet de la masturbation féminine a toujours été tabou dans ses précédentes relations, ce n'est heureusement plus le cas avec son conjoint actuel : "Il a compris qu'une femme à l'aise avec son corps et sa sexualité, c'est toujours un atout." Et il a bien raison.
Les prénoms ont été modifiés.