"Je ne souhaite pas ça à ma pire ennemie" : la vie de Sophie a basculé quand elle a trouvé son mari avec...
Sous le choc.

Je me souviens du moment où tout a basculé. C'était un vendredi. Je sortais d'un rendez-vous professionnel qui s'était éternisé. J'étais exténuée. Mon téléphone avait peu de batterie, il pleuvait, j'avais oublié mon parapluie, et tout ce que je voulais, c'était rentrer à la maison. J'ai envoyé un message à mon mari : "Je passe récupérer des affaires. Je ne reste pas dormir ce soir, j'ai besoin d'être seule." Nous étions dans une période étrange. Ni vraiment séparés, ni vraiment ensemble. Des tensions s'étaient installées, de l'incompréhension, un éloignement que je n'arrivais pas à expliquer. Il n'y avait pas eu de différend majeur mais une fatigue sourde, une lassitude. On vivait à moitié ensemble. Lui dans notre appartement, moi entre celui de ma sœur et chez une amie. Ce que je ne savais pas, ce jour-là, c'est que je m'apprêtais à tout perdre en l'espace de quelques secondes.
J'ai ouvert la porte de l'appartement avec mes clés. J'ai posé mes affaires dans l'entrée. Et puis j'ai entendu un bruit. Un éclat de rire. Une voix féminine. J'ai froncé les sourcils. Mon cœur au ralenti. Une seconde. Deux. Et puis il s'est emballé. J'avance lentement. Je n'avais pas peur, pas encore. J'étais juste... intriguée. Et dans le salon, sur le canapé que j'avais choisi moi-même, je les ai vus. Enlacés. Sa main sur sa cuisse. Leur complicité suintait la trahison. Ils ne m'ont pas vue tout de suite. Et pendant quelques instants, j'ai été spectateur de ma propre humiliation. J'ai vu leurs gestes, leur proximité, cette manière qu'il avait de la regarder, celle qu'il avait pour moi, autrefois.
"Quand ils m'ont aperçu..."
Quand ils m'ont aperçu, tout s'est figé. Elle s'est levée rapidement. Elle a bafouillé un "ce n'est pas ce que tu crois" tellement pathétique que j'ai presque eu envie de rire. Lui, il est resté immobile. Comme s'il attendait que je fasse le premier mouvement, que je donne la direction à suivre. Je n'ai rien réussi à dire. Je suis répartie. Je tremblais de tout mon corps. J'ai marché pendant une heure, sous la pluie, le visage en feu, le ventre noué, la tête bourdonnante. J'ai fini par m'asseoir sur un banc. Et j'ai réalisé que je venais de perdre les deux personnes en qui j'avais le plus confiance. Les jours qui ont suivi ont été flous. Je ne dormais plus. Je ne mangeais presque pas. Je réfléchissais à la manière dont je pourrais un jour aller de l'avant. C'est à ce moment-là qu'elle a commencé à m'écrire. D'abord un message. Puis deux. Puis dix. De plus en plus nombreux. De plus en plus confus. Elle alternait entre excuses pathétiques et déclarations larmoyantes. Elle disait qu'elle n'avait jamais voulu me faire de mal. Qu'elle se sentait seule depuis des mois, qu'elle avait toujours admiré mon mari. Elle parlait d'un "accident" d'un moment d'égarement mais au fil des messages, la vérité a commencé à se frayer un chemin. Elle a fini par m'avouer que ce n'était pas la première fois. Que ça durait depuis deux mois. Qu'ils s'étaient "rapprochés" comme elle disait, pendant que j'étais justement chez elle parce que mon couple n'allait pas.
Deux mois pendant lesquels je pensait qu'elle me soutenait dans ce moment compliqué. Après tout, c'était ma soeur. La personne qui me connaissait le mieux après mes parents. Ma soeur qui me consolait en me disant "Tu sais, je pense qu'il t'aime encore". Deux mois où elle me posait des questions sur lui, sur notre intimité, sur notre communication. Je pensais qu'elle voulait m'aider. En réalité, elle me volait tout ce que j'avais. Et ce qui me fait encore le plus mal, c'est sa manière de jouer les innocentes. De dire qu'elle "n'a pas su résister", que "ce n'était pas prémédité".
Quant à lui… Il n'a même pas tenté de me récupérer. Il a dit que c'était "plus fort que lui". Il n'a pas eu le courage de me demander pardon. Il m'a laissé partir. J'ai coupé les ponts avec eux. Définitivement. J'ai changé de numéro. J'ai déménagé. J'ai mis des mois à parler à nouveau à mes parents. Je n'ai pas donné les raisons. Trop honte. Trop de colère. J'ai eu l'impression de me désintégrer, d'être remplacé dans ma propre vie. Par ma sœur. Par celle à qui je confiais tout. Aujourd'hui encore, je vis avec cette trahison accrochée à la peau comme une brûlure. Je n'ai pas seulement perdu un mari. J'ai perdu ma famille. Mon repère. Une part de moi s'est éteinte ce soir-là, dans ce salon. Et je ne souhaite cette sensation à personne, pas même à ma pire ennemie.