"Ma mère m'a piqué mon conjoint" : Stéphanie les a retrouvés sur le canapé en rentrant du travail
Stéphanie a toujours eu une relation complexe avec sa mère mais elle n'imaginait pas que ça pouvait aller jusque-là...

Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours eu une relation complexe avec ma mère. Quand j'étais petite, je me rappelle qu'elle pouvait être très sévère. Dès mes 7 ans, elle s'est mise à limiter mon alimentation par peur que je grossisse. A 11 ans, elle m'a emmenée chez l'esthéticienne pour que je me fasse épiler. A 13 ans, elle me donnait des conseils de maquillage. Résultat ? J'ai développé des dizaines de complexes, allant de mes cuisses – que je trouvais toujours trop grosses – à mes lèvres, qui ne l'étaient pas assez. Ma mère était mon modèle… et elle était inégalable. Il faut dire qu'elle est particulièrement belle : une taille de guêpe, des cheveux chatoyants, des yeux de biche, une magnifique (et fausse) poitrine. Mais après avoir passé des années à chercher à lui ressembler, j'ai fini par comprendre que sa splendeur coûtait chère… Ma mère était obsédée par son image et elle m'avait transmis son besoin d'être parfaite, ainsi qu'un petit bonus : l'impression constante de ne pas être à la hauteur.
Une distance géographique qui ne suffit pas
L'année de mes 26 ans, j'ai eu une opportunité professionnelle à Bruxelles. Je suis partie presque du jour au lendemain et j'ai débuté une nouvelle vie là-bas. Dès les premiers mois, je me suis sentie plus apaisée, comme si je venais de me délester d'un poids. Ce n'est que des années après que j'ai compris : c'était la première étape pour casser le cordon avec ma mère. Pourtant, elle accompagnait chacun de mes gestes. Lorsque je prenais un dessert au restaurant, lorsque je ne portais pas de talons, que je me maquillais moins ou que je voyais une once de poils repousser, j'entendais sa voix. Avec les années, elle avait pris possession de mes pensées.
A l'époque, je me rendais compte que quelque chose clochait, mais je n'arrivais pas vraiment à mettre le doigt dessus. Je n'avais pas conscience que j'avais une mère toxique. Alors, même à distance, je faisais tout pour plaire à ma mère. Je lui envoyais souvent des photos de moi apprêtée, je lui parlais de mes soirées mondaines et de mes succès professionnels. Pendant quelques mois, j'ai eu l'impression que j'avais réussi : j'étais devenue la fille parfaite, celle qui était à la hauteur de ma mère… Jusqu'au jour où je lui ai parlé de Matthias, un bel avocat que je fréquentais depuis plusieurs semaines. Les premiers temps, elle s'est montrée enthousiaste.
"Au lieu de me féliciter, elle me demandait si je n'avais pas grossi"
Nous étions très amoureux, il me couvrait de cadeaux et de compliments, nous partions souvent en weekend à Rome, Londres, Paris… Mais lorsque nous avons emménagé ensemble et que ma mère a compris que ça devenait sérieux, elle s'est progressivement transformée. Sur le coup, je n'ai pas fait le lien. Je me suis dit qu'elle vivait peut-être une période difficile, j'ai essayé de comprendre, de dialoguer. Il n'y avait rien à faire, son attitude avait bel et bien changé : au lieu de me féliciter, elle me blâmait de porter tel ou tel décolleté, elle me demandait si je n'avais pas grossi, si mes cheveux n'avaient pas désépaissi. Ma patience atteignait ses limites et je me suis mise à lui en vouloir de me créer – encore – de nouveaux complexes.
Une vie en apparence idéale, mais une profonde sensation de vide
Avec Matthias, j'avais tout ce dont j'avais toujours rêvé : un homme magnifique et de grande prestance, riche et attentionné. Il était d'un charme fou et il savait en profiter. Il était le genre d'hommes qui aiment draguer pour le simple plaisir de séduire. Je le savais et ça ne me posait pas de problème. C'était le prix à payer pour être avec lui et j'y trouvais une forme de glorification, puisque c'est moi qu'il avait choisie. Mais malgré cette vie en apparence parfaite, je me réveillais parfois avec la boule au ventre et une profonde sensation de vide, qui me suivaient toute la journée. Je pensais que c'était normal, avec tout le travail et les responsabilités que j'avais.
Au bout de presque un an de relation, j'ai proposé à Matthias de découvrir ma ville natale. C'est tout naturellement que je lui ai présenté ma mère, avec qui il s'est très bien entendu. J'en fus d'abord ravie, jusqu'à ce que je voie ma mère minauder à la manière d'une adolescente. Et le pire, c'est que Matthias rentrait dans son jeu. Je n'en croyais pas mes yeux. A quoi jouaient-ils ? En état de choc, j'ai fait comme si de rien n'était. Le lendemain, j'en ai parlé avec Matthias, qui a nié. Il ne comprenait pas pourquoi je faisais toute une histoire d'un petit jeu de rien du tout. Il avait voulu lui plaire, elle aussi, mais c'était seulement pour moi.
"Je les ai trouvés sur le canapé"
Nous sommes rentrés à Bruxelles et avons repris notre quotidien. Mais alors qu'elle ne m'avait rendu visite que deux fois en 4 ans, ma mère a débarqué deux semaines plus tard. Elle s'est invitée chez nous, je n'ai pas réussi à m'y opposer. Elle a recommencé son petit jeu de séduction, mais cette fois, Matthias est resté plus distant. Si ça me rendait folle, je relativisais en me disant qu'elle agissait comme une gamine et que j'avais confiance en mon conjoint. Jusqu'au jour où je suis rentrée plus tôt du travail et où je les ai trouvés sur le canapé, en train de glousser. Surpris, ils se sont relevés, mais j'avais eu le temps de voir que ma mère lui caressait la jambe avec son pied. Ça m'a mis dans une colère noire, cette fois, je ne laisserais pas passer. J'ai viré ma mère, qui a fait mine de ne pas comprendre et j'ai fondu en larmes face à Matthias. Il n'a pas nié, il s'est confondu en excuses… pour finir par me dire qu'il préférait rompre. Il a pris ses affaires et a déguerpi. En quelques minutes, je me suis retrouvée dans notre appartement, seule et complètement déboussolée. J'en voulais terriblement à ma mère et j'ai plongé dans une grave dépression. Après des semaines d'errance, une amie m'a redonné la force de me battre. Je suis allée voir une psy, j'ai pris des antidépresseurs et j'ai adopté un chien. Je gardais quelques contacts avec ma mère, mais je les limitais au strict minimum. Alors que je me remettais sur pied, elle m'a annoncé qu'elle était de passage à Bruxelles. J'ai compris au fil des échanges qu'elle allait voir Matthias et ça m'a tellement anéantie que j'ai coupé les ponts.
Une trahison qui mène à la renaissance
Après de longs mois de thérapie, j'ai réalisé que la rupture avec Matthias avait été une bénédiction. Bien sûr, j'aurais aimé que ça se passe différemment, qu'il ne me trahisse pas et que ma mère ne me plante pas un couteau dans le dos. Mais j'ai compris qu'il n'était pas du tout un homme pour moi. C'était l'homme idéal de ma mère, pas le mien. Comme tout le reste de ma vie, d'ailleurs. J'avais essayé de créer un quotidien sur papier glacé pour plaire à ma mère, mais mes propres besoins me sont revenus en pleine face, à la manière d'un terrible boomerang.
Au fil du temps, j'ai totalement transformé mon quotidien : pour la première fois, j'ai mangé à ma faim, j'ai abandonné les magasins de luxe pour privilégier les marques éthiques, j'ai débuté une réorientation professionnelle. Je ne parle plus à ma mère depuis quatre ans, et je m'en porte bien. Ça a pris du temps, mais désormais, je fais mes propres choix et je ne vis plus à travers les névroses de ma mère. Aujourd'hui, je gagne moins d'argent, je ne ressemble plus à une femme tout droit sortie d'un magazine de mode et je ne pars plus en weekend à Rome. Pourtant, je suis bien plus heureuse : mon travail a du sens, j'ai rencontré quelqu'un qui me plaît vraiment et je m'accepte comme je suis !