Comment sortir d'une dépression amoureuse ?

Tristesse, perte de sens, repli sur soi, pensées ruminantes, troubles du sommeil ou de l'alimentation… Souvent sous-estimé, le chagrin d'amour présente des symptômes similaires à ceux d'une dépression classique. Une étude a même prouvé qu'il activait les mêmes zones cérébrales qu'un manque de cocaïne. Si nous traversons tous, à un moment ou un autre, cette étape de vie douloureuse, nous ne sommes toutefois pas égaux dans notre manière de la gérer. Selon la sexologue et thérapeute de couple Sabrina Leroy, certains profils peuvent avoir plus de difficultés à surmonter la dépression amoureuse. C'est le cas des personnes avec un style d'attachement anxieux, qui peinent à retrouver leur autonomie émotionnelle : "Ils ont tendance à être dans la dépendance affective, à placer leur bonheur dans l'autre. Alors quand la relation s'arrête, c'est tout un pilier qui s'effondre." Ce grand vide n'est toutefois pas insurmontable et peut même devenir le moteur d'une transformation intérieure.

Premier (mauvais) réflexe lorsque l'on vit une rupture amoureuse : vouloir se remettre en selle trop vite. "Cette attitude reflète une pression sociale axée sur la performance et la résilience. Elle est largement alimentée par les réseaux sociaux, qui montrent des vies idéalisées où la tristesse n'a pas sa place" constate Sabrina Leroy. Si vouloir aller de l'avant est une bonne chose, il est essentiel de prendre le temps d'accueillir ses émotions : "Quand on reste dans le déni, on risque l'effet boomerang. La douleur finira par resurgir, et ce sera d'autant plus dur que l'on aura cru, à tort, avoir avancé" explique la sexologue. Elle met notamment en garde contre les relations pansements, qui conduisent à reproduire les mêmes erreurs. "On a besoin d'une pause pour comprendre la séparation. Ce travail d'introspection est nécessaire pour identifier ses besoins et briser des schémas répétitifs. Il faut le voir comme une opportunité d'apprentissage et de développement personnel". Pour surmonter cette période difficile, Sabrina Leroy invite à ralentir le rythme et à se prioriser : "Si vous avez besoin de prendre un mois pour pleurer, dormir et regarder Bridget Jones, faites-le ! Il ne s'agit pas de se replier sur soi, mais de se recentrer". 

Après une rupture, le cerveau connaît une baisse significative des niveaux de dopamine, que l'on appelle aussi "hormone du bonheur". Cette inhibition conduit à l'état d'abattement et de tristesse caractéristique du chagrin d'amour. Pour Sabrina Leroy, les activités manuelles, sportives ou bénévoles sont particulièrement indiquées pour sortir de la dépression amoureuse : "La satisfaction est le remède le plus efficace. Être fier de soi réactive le système dopaminergique." Sa préférence ? La peinture par numéros ! "Je la recommande à mes patients car il n'y a pas besoin de savoir dessiner, c'est ludique et méditatif à la fois. Une fois terminée, je conseille de l'encadrer. Elle symbolise une étape de vie où l'on a pris soin de soi pour avancer." L'écriture est également une alternative intéressante en cas de pensées ruminantes. Le journal de bord, par exemple, aide à libérer ses émotions tout en mesurant le chemin parcouru au fil des jours.

Bien que la durée d'une dépression amoureuse puisse varier selon les individus, celle-ci doit rester transitoire et être marquée par des améliorations progressives. Sabrina Leroy conseille de prendre la date de la rupture comme point de repère. Si l'on constate que cet état de tristesse perdure au-delà d'un an, on peut s'inquiéter d'une véritable dépression : "Une séparation peut réveiller des traumatismes plus profonds, comme une blessure d'abandon. Lorsqu'on n'a pas les ressources internes nécessaires pour avancer, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste. Ce n'est pas un aveu de faiblesse que de se faire accompagner dans cette épreuve."