Fini l'alcool dans les parfums ? Cet ingrédient naturel pourrait bientôt le remplacer
L'alcool dans les parfums serait-il bientôt obsolète ? Une technologie (pas si nouvelle) semble prendre de plus en plus d'ampleur, au point de conquérir les plus grandes maisons de parfumerie. Zoom.
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Le parfum est sur le point de connaître une petite révolution. Formulés depuis la nuit des temps avec de l'alcool, il semblerait qu'un nouvel ingrédient plus naturel et plus respectueux de l'environnement prenne d'assaut nos jus préférés. De Dior à Guerlain, les plus grandes maisons de parfumerie sont d'ores et déjà conquises. La raison ? Si l'alcool a le pouvoir de lier les notes dans une fragrance afin d'en faire une senteur unique, il n'est pas l'allié des peaux les plus sensibles. Pire encore, il peut s'avérer photosensibilisant en cas d'exposition au soleil et laisser des tâches sur le corps. Du côté du processus de fabrication, les parfums à base d'alcool possèdent une certaine empreinte carbone. En effet, les processus chimiques utilisés pour l'extraire demandent de l'énergie. De plus, ils contiennent des solvants souvent nuisibles à la peau et la nature.
Face à ces problématiques, les parfums à l'eau ont fait une entrée fracassante dans l'univers des senteurs. Loin d'être nouveaux (certaines technologies ont été commercialisées en 2005), ils sont de plus en plus présents sur nos étagères beauté. Leur but ? Obtenir des parfums avec des propriétés identiques à celles des eaux de toilettes et eaux de parfum, en termes d'odeur, de sillage et de tenue, notamment au travers d'une technologie appelée Aquafine, commercialisée par l'entreprise MANE, se basant sur des microémulsions d'eau. "C'est très nouveau pour les parfums d'eau qui étaient souvent faits comme des parfums pour les cheveux légers, des parfums pour enfants, parce qu'ils ne peuvent pas utiliser de l'alcool", nous raconte Serge Rach fondateur de la marque niçoise Velvetvelo.
Ainsi, ces produits mêlent l'art de la parfumerie à celui des soins pour la peau : "On va avoir une meilleure hydratation des couches supérieures de l'épiderme grâce à cette substitution. L'intérêt de cela, c'est justement ce côté skincare, cosmétique, qui est très intéressant", explique Loic Bleuez directeur innovation fine fragrance chez MANE. Une aubaine pour les peaux les plus sensibles. Cerise sur le gâteau : suivant le souhait des maisons de parfumerie, il est possible de rajouter dans les formules des actifs comme l'acide hyaluronique pour un côté encore plus hydratant. Les jus avec de l'eau peuvent alors se vaporiser sur le buste, les cheveux, ou même les vêtements sans risquer de les tâcher ou de provoquer une réaction. "C'est une façon très naturelle et très douce de se parfumer", renchérit Serge Rach.
Bien évidemment, face à cette façon moins conventionnelle de travailler la matière, une question se pose : la tenue et le sillage du produit sont-ils les mêmes qu'avec de l'alcool ? Eh bien, la réponse est simple : oui. Evidemment, certaines adaptations sont nécessaires afin de retrouver une performance olfactive similaire à un parfum avec de l'alcool, mais d'après Loic Bleuez, le parfum à l'eau "ne va pas tourner, et va rester très longtemps sur les supports sur lesquels on l'applique." Même discours du côté de Serge Rach dont la marque ne fabrique que des fragrances à l'eau. Le fondateur de Velvetvelo l'assure : les parfums à l'eau sont plus stables, le sillage est plus linéaire c'est-à-dire que l'on ressent moins la disparition de certaines notes au fur et à mesure de la journée. Ils sont légèrement différents mais tout aussi puissants. "On a vu que l'on a la possibilité d'utiliser des plantes et des ingrédients qu'on ne sait pas bien utiliser avec l'alcool, mais il y a aussi des ingrédients que nous ne maîtrisons pas." Parmi eux ? Les notes orientales (par exemple l'oud) et la vanille, difficiles à dompter dans l'eau.
S'il a encore un peu de chemin à parcourir, le parfum à l'eau semble bel et bien parti pour changer le paradigme de l'eau de toilette. Après tout, il n'en est encore qu'à ses balbutiements et pique la curiosité d'un grand nombre d'aficionados de l'univers des senteurs, mais aussi d'un plus jeune public. "Et je crois qu'il y a une demande, surtout dans la génération Z, les jeunes veulent savoir ce qu'il se passe avec les produits, comment ils interagissent avec leur corps, avec leur santé", lance Serge Rach. Et d'ajouter : "Je crois que c'est une nouvelle formule, dont le but n'est pas de lutter contre les autres parfums, mais de donner une alternative qui est mieux."