"Ma poitrine faisait du 90H" : comment Juliette a changé de vie
Depuis l'adolescence, Juliette est gênée par sa forte poitrine, au point de ne plus pouvoir se regarder dans la glace. A 26 ans, elle saute enfin le pas et opte pour une réduction mammaire. Une opération qui va changer sa vie. Récit.

J'ai voulu faire cette opération car j'ai un passif avec la dysmorphophobie. Avec le temps, je n'arrivais plus à me regarder dans le miroir car je trouvais ma poitrine trop énorme pour ma corpulence. En fait, je me trouvais déformée à cause d'elle. Avant l'opération, cela faisait trois ans que je ne m'étais pas vue en entier dans une glace. D'ordinaire, je ne regardais que mon visage, et j'évitais toute réflexion qui pouvait me renvoyer mon image. Je ne voyais que ça, ma poitrine. Je n'arrivais plus à m'habiller, car, avouons-le, la mode n'est pas faite pour les fortes poitrines. Je ne trouvais pas de soutien-gorge dans le commerce non plus, c'est très dur de dénicher des modèles avec un petit tour de dos et un gros bonnet. Il faut se tourner vers des marques de lingerie spécialisée et très onéreuses. Résultat, je n'avais que trois soutiens-gorge avec lesquels je tournais. Je faisais du 90H, et ce n'est pas vivable au quotidien.
Il faut garder en tête que la réduction mammaire est une opération coûteuse, environ 4000 euros pour ma part. J'ai dû attendre mes 26 ans pour pouvoir me la payer. J'ai contacté un chirurgien avec qui j'ai eu un premier rendez-vous. Il a répondu à mes questions, mais m'a aussi expliquée qu'il ne faudrait pas que mon poids évolue à l'avenir en dehors de plus ou moins 5 kg. J'avoue que ça m'a fait peur, et je suis ressortie en pleurant. Suite à ça, j'ai mis un an et demi à prendre ma décision, et à sauter le pas. J'ai appelé le médecin, nous avons convenu d'une date en septembre 2024, mais il y a beaucoup de démarches à faire avant l'opération comme un bilan sanguin et des mammographies. Il faut savoir que l'on ne décide pas d'un grammage à enlever par sein en particulier, parce que tout varie d'une personne à l'autre, mais plutôt d'un bonnet. J'en ai parlé avec le chirurgien qui m'a conseillée sur ce qui serait le plus harmonieux. Une fois l'opération terminée, je m'attendais à des douleurs terribles, mais c'était plutôt supportable. Je n'ai pas trop bougé ni levé les bras durant deux semaines, heureusement que ma mère était là pour m'aider.
Depuis l'opération, je me sens beaucoup mieux dans mon corps et dans ma tête. Je suis passée d'un 90H à un 90D, c'est le jour et la nuit. Petit à petit, je réussis à me regarder dans un miroir. C'est assez étonnant de se voir de nouveau, je ne pensais pas y arriver un jour. Ça a affecté beaucoup de choses dans ma vie, notamment dans mes relations avec les hommes car je ne me sentais pas jolie. L'opération n'est pas miraculeuse mais j'arrive de plus en plus à me trouver belle. Depuis je me suis même mise à faire de la danse, et je peux enfin m'habiller avec des vêtements qui me plaisent.
C'est un véritable bonheur ! Cela m'attriste de me dire que j'ai dû passer par une opération pour me sentir mieux dans mon corps... que je n'arrivais pas à apprécier ce que j'avais avant. Mais je le sais, c'était la seule manière d'y arriver. Je préfère avoir ces cicatrices à vie que de ne pas arriver à vivre.