Comment tondre son gazon de façon éco-responsable ?

Face au réchauffement climatique et aux périodes de sécheresse rencontrées ces dernières années, l'entretien du gazon de nos jardins doit être repensé. Pour ceux qui restent attachés à leur plate-bande enherbée, des pratiques d'entretien alternatives plus vertueuses existent.

Comment tondre son gazon de façon éco-responsable ?
© ViVERT

Au-delà de l'esthétique du gazon, c'est surtout le plan écologique qui interroge. Après quelques années de prise de conscience, l'ambition commune de favoriser la protection de la biodiversité à son échelle, y compris via son jardin, s'est accélérée. Helenne Martin-Quennehen, écolo-responsable, présidente de l'entreprise ViVERT et adhérente de l'Unep, nous explique comment entretenir son gazon tout en pensant à notre planète. 

Quelle hauteur pour une tonte plus écologique ?

Entretenir son gazon est un art qui ne se résume pas à pousser une tondeuse ! Bien que généralement conseillée tous les 15 jours, voire tous les mois, aucune fréquence n'est vraiment imposée en matière de tonte. S'il ne faut retenir qu'un seul conseil, il faut préférer une tonte haute en toute saison, en période de canicule ou non. Pour préserver un pré vert dans la durée, il est recommandé de ne jamais descendre en dessous de 10 centimètres, au risque d'exposer à un réchauffement plus intense le sol (surtout en plein été). Plus la végétation au sol sera dense, plus il pourra capter et préserver sa fraîcheur et son humidité.

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Helenne Martin-Quennehen et la tonte éco-responsable © ViVERT

Quelles sont les techniques de tonte plus écologiques ?

Le mulching

Depuis quelques années, de nouvelles pratiques en matière de tonte de pelouse sont apparues. Parmi elles, le mulching - ou l'herbicyclage. Cette technique consiste à tondre ses espaces verts sans ramassage, en broyant finement l'herbe puis en la déposant à nouveau sur sa pelouse, sous forme de paillis naturel.

Cette méthode, rendue possible grâce à une tondeuse mulching, peut être utilisée dans une démarche tant écologique que pratique. D'une part, elle permet au gazon de s'auto-alimenter grâce à ses propres déchets, créant de ce fait un cercle vertueux et naturel dans le jardin. D'autre part, pour les paresseux, cette technique ne demandera plus de ramasser ou d'aller jeter les déchets verts, et de compenser les manques par des engrais, puisqu'ils trouveront leur utilité sur place.

On y trouve également un avantage sur la durée : le mulching permet de conserver son gazon jusqu'à cinq ans, soit deux ans de plus qu'avec une tonte au bac classique. Toutefois, pour garantir ses bienfaits, la tonte ne doit pas être réalisée par temps humide, au risque de faire fermenter la pelouse fraichement tondue.

La tonte raisonnée ou différenciée

Il est aussi conseillé d'opter pour une tonte raisonnée (ou différenciée). Cette méthode vise à avoir une pelouse à l'aspect plus naturel et florissant possible, et donc plus accueillant pour la biodiversité. Cela consiste en une tonte moins fréquente, ne dépassant pas les 8 à 10 centimètres, en se concentrant seulement sur les espaces fréquentés.

La tonte raisonnée permet au gazon de résister plus aisément aux épisodes de sécheresse, grâce à un approvisionnement naturel et régulier de l'eau à la terre. Il sera toutefois nécessaire de tondre le gazon si les fanes sont trop hautes pour éviter les feux de pailles.

Comment tondre pour préserver la biodiversité ?

Pour ceux qui disposent d'un grand jardin, favorisez la tonte du centre vers l'extérieur de la zone choisie. Ainsi, la faune locale - petits mammifères et/ou oiseaux- qui s'y serait peut-être installée ne sera pas prise par au dépourvu et profitera d'une porte de sortie pour s'établir ailleurs.

Comment réutiliser ses déchets de tonte de manière éco-responsable ?

Il faut voir les déchets verts issus des tontes autrement ! N'hésitez pas à recycler ces derniers dans un bac à compost. La boucle est ensuite bouclée ; le compost produira un fertilisant naturel à utiliser pour la pelouse. Deux conseils pour bien réussir son compost : favoriser son installation dans une zone ombragée et occultée et enfin, remuer fréquemment les déchets organiques pour favoriser la conservation de ses nutriments (azote, phosphore et potassium). 

Toujours dans l'esprit d'un entretien raisonné de sa pelouse, le paillage d'herbes est un autre procédé. L'herbe des bacs de tondeuse peut aussi être utilisée en paillage aux pieds des végétaux. Cependant, il faudra prendre quelques précautions : étaler l'herbe pendant une semaine pour extraire les premiers jus (principalement azotés) et éviter la production de chaleur lors de la décomposition. Ainsi, on évitera tout risque de brûlure sur les racines des végétaux.

Les bienfaits du paillage sont multiples : un rafraîchissement des sols (grâce à sa rétention en eau), une meilleure pousse des végétaux et une amélioration de la qualité nutritive du sol grâce à une conservation des nutriments et une augmentation de la vie microbienne et de la faune du sol.

À noter que le traitement des biodéchets va devenir un enjeu majeur dans les mois à venir en France : dès 2024, le tri à la source des déchets biodégradables (fruits, légumes, végétaux) deviendra obligatoire pour les particuliers. Le gazon est finalement un écosystème complexe au seuil de votre porte !

Comment densifier le gazon de manière plus éco-responsable ?

Si densifier le gazon est à l'ordre du jour, il est mieux de jeter son dévolu sur des trèfles plutôt que sur de la pelouse dite "classique". Le kikuyu, le sedum, le trèfle nain banc ou encore rouge sont parfaits pour combler les espaces vacants, à planter en automne de préférence. Ces derniers sont une option plus écologique car moins demandeurs en eau, plus adaptables aux caractéristiques du sol et aux conditions climatiques locales. 

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